Chapitre IV Le triumvirat de La Ville-aux-Fayes
Le prudent usurier avait contraint sa femme et Jean de se coucher et de se lever au jour, en leur prouvant que la maison ne serait jamais attaquée s'il veillait, lui, jusqu'à minuit, et s'il se levait tard. Non seulement il avait ainsi conquis sa tranquillité de sept heures du soir jusqu'à cinq heures du matin, mais encore il avait habitué sa femme et Jean à respecter son sommeil et celui de l'Agar, dont la chambre était située derrière la sienne.
Aussi, le lendemain matin, vers six heures et demie, madame Rigou, qui veillait elle-même aux soins de la basse-cour, conjointement avec Jean, vint-elle timidement à la porte de la chambre de son mari.
"Monsieur Rigou, dit-elle, tu m'as recommandé de t'éveiller."
Le son de cette voix, l'attitude de la femme, son air craintif en obéissant à un ordre dont l'exécution pouvait être mal reçue, peignaient l'abnégation profonde dans laquelle vivait cette pauvre créature, et l'affection qu'elle portait à cet habile tyranneau.
"C'est bien! cria Rigou.
-Faut-il éveiller Annette? demanda-t-elle.
-Non, laissez-la dormir!...Elle a été sur pied toute la nuit! dit-il sérieusement."
Note: Dans les documents recueillis par Lovenjoul, ce chapitre est intitulé "L'idole d'une ville" et porte le numéro 17. Cet ancien titre correspondait sans doute à un projet ou à une extension différente de ce que nous connaissons. Quant au numéro 17, il semble indiquer que Balzac envisageait soit de prolonger la première partie, soit, plutôt et plus simplement, de donner à tous ses chapitres une numérotation continue (avec ou sans maintien de la division en parties).
Agar=servante de la femme d'Abraham et concubine de celui-ci.
Le prudent usurier avait contraint sa femme et Jean de se coucher et de se lever au jour, en leur prouvant que la maison ne serait jamais attaquée s'il veillait, lui, jusqu'à minuit, et s'il se levait tard. Non seulement il avait ainsi conquis sa tranquillité de sept heures du soir jusqu'à cinq heures du matin, mais encore il avait habitué sa femme et Jean à respecter son sommeil et celui de l'Agar, dont la chambre était située derrière la sienne.
Aussi, le lendemain matin, vers six heures et demie, madame Rigou, qui veillait elle-même aux soins de la basse-cour, conjointement avec Jean, vint-elle timidement à la porte de la chambre de son mari.
"Monsieur Rigou, dit-elle, tu m'as recommandé de t'éveiller."
Le son de cette voix, l'attitude de la femme, son air craintif en obéissant à un ordre dont l'exécution pouvait être mal reçue, peignaient l'abnégation profonde dans laquelle vivait cette pauvre créature, et l'affection qu'elle portait à cet habile tyranneau.
"C'est bien! cria Rigou.
-Faut-il éveiller Annette? demanda-t-elle.
-Non, laissez-la dormir!...Elle a été sur pied toute la nuit! dit-il sérieusement."
Note: Dans les documents recueillis par Lovenjoul, ce chapitre est intitulé "L'idole d'une ville" et porte le numéro 17. Cet ancien titre correspondait sans doute à un projet ou à une extension différente de ce que nous connaissons. Quant au numéro 17, il semble indiquer que Balzac envisageait soit de prolonger la première partie, soit, plutôt et plus simplement, de donner à tous ses chapitres une numérotation continue (avec ou sans maintien de la division en parties).
Agar=servante de la femme d'Abraham et concubine de celui-ci.