Voici la suite des Paysans.
Les niveaux les plus faibles pourront s'arrêter après la première phrase.
Les plus forts iront jusqu'au bout.
Chapitre VI
La forêt et la moisson
La scène de Couches avait produit un bon effet, et, de leur côté, les fidèles gardes du comte veillaient à ce qu'on n'emportât que le bois mort de la forêt des Aigues; mais, depuis vingt ans, cette forêt avait été si bien exploitée par les habitants, qu'il n'y avait plus que du bois vivant, qu'ils s'occupaient à faire mourir pour l'hiver, par des procédés fort simples et qui ne pouvaient être découverts que longtemps après. Tonsard envoyait sa mère dans la forêt; le garde la voyait entrer; il savait par où elle devait sortir, et il la guettait pour voir le fagot; il la trouvait chargée en effet de brindilles sèches, de branches tombées, de rameaux cassés et flétris; et elle geignait, elle se plaignait d'avoir à courir bien loin, à son âge, pour obtenir ce misérable fagot. Mais ce qu'elle ne disait pas, c'est qu'elle avait été dans les fourrés les plus épais, qu'elle avait dégagé la tige d'un jeune arbre et en avait enlevé l'écorce à l'endroit où il sortait du tronc, tout autour, en anneau; puis elle avait remis la mousse, les feuilles, tout en état; il était impossible de découvrir cette incision annulaire faite non pas à la serpe, mais par une déchirure qui ressemblait à celle produite par ces animaux rongeurs et destructeurs nommés, selon les pays, des thons, des turcs, des vers blancs, et qui sont le premier état du hanneton.
où il sortait du tronc: la phrase est sans doute fautive, mais il n'est guère possible d'en rétablir le texte exact: en effet le seul document de base est constitué par les mauvaises épreuves du scénario de 1838, et l'on peut supposer également une inadvertance dans le manuscrit ou une fausse lecture chez l'imprimeur. M. Jean A. Ducourneau propose de rectifier en "à l'endroit où elle" (la tige) sortait du tronc": il s'agirait alors d'un lapsus de Balzac; dans l'hypothèse d'un déchiffrement erroné, on peut imaginer que Balzac ait griffonné en réalité "à l'endroit où il sortait de terre", ce qui s'accorderait peut-être mieux avec la phrase suivante et avec la mention du "pied" des arbres faite à deux reprises un peu plus loin.
Les niveaux les plus faibles pourront s'arrêter après la première phrase.
Les plus forts iront jusqu'au bout.
Chapitre VI
La forêt et la moisson
La scène de Couches avait produit un bon effet, et, de leur côté, les fidèles gardes du comte veillaient à ce qu'on n'emportât que le bois mort de la forêt des Aigues; mais, depuis vingt ans, cette forêt avait été si bien exploitée par les habitants, qu'il n'y avait plus que du bois vivant, qu'ils s'occupaient à faire mourir pour l'hiver, par des procédés fort simples et qui ne pouvaient être découverts que longtemps après. Tonsard envoyait sa mère dans la forêt; le garde la voyait entrer; il savait par où elle devait sortir, et il la guettait pour voir le fagot; il la trouvait chargée en effet de brindilles sèches, de branches tombées, de rameaux cassés et flétris; et elle geignait, elle se plaignait d'avoir à courir bien loin, à son âge, pour obtenir ce misérable fagot. Mais ce qu'elle ne disait pas, c'est qu'elle avait été dans les fourrés les plus épais, qu'elle avait dégagé la tige d'un jeune arbre et en avait enlevé l'écorce à l'endroit où il sortait du tronc, tout autour, en anneau; puis elle avait remis la mousse, les feuilles, tout en état; il était impossible de découvrir cette incision annulaire faite non pas à la serpe, mais par une déchirure qui ressemblait à celle produite par ces animaux rongeurs et destructeurs nommés, selon les pays, des thons, des turcs, des vers blancs, et qui sont le premier état du hanneton.
où il sortait du tronc: la phrase est sans doute fautive, mais il n'est guère possible d'en rétablir le texte exact: en effet le seul document de base est constitué par les mauvaises épreuves du scénario de 1838, et l'on peut supposer également une inadvertance dans le manuscrit ou une fausse lecture chez l'imprimeur. M. Jean A. Ducourneau propose de rectifier en "à l'endroit où elle" (la tige) sortait du tronc": il s'agirait alors d'un lapsus de Balzac; dans l'hypothèse d'un déchiffrement erroné, on peut imaginer que Balzac ait griffonné en réalité "à l'endroit où il sortait de terre", ce qui s'accorderait peut-être mieux avec la phrase suivante et avec la mention du "pied" des arbres faite à deux reprises un peu plus loin.