Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
L' Arlésienne
Mais Jean voulait son Arlésienne à toute force. Il disait:
"Je mourrai si on ne me la donne pas."
Il fallut en passer par là. On décida de les marier après la moisson.
Donc, un dimanche soir, dans la cour du mas, la famille achevait de dîner. C'était presque un repas de noces. La fiancée n'y assistait pas, mais on avait bu en son honneur tout le temps... Un homme se présente à la porte, et d'une voix qui tremble, demande à parler à maître Estève, à lui seul. Estève se lève et sort sur la route.
"Maître, lui dit l'homme, vous allez marier votre enfant à une coquine qui a été ma maîtresse pendant deux ans. Ce que j'avance, je le prouve; voici des lettres!... Ses parents savent tout et me l'avaient promise; mais depuis que votre fils la recherche, ni eux ni la belle ne veulent plus de moi... j'aurais cru pourtant qu'après ça elle ne pouvait pas être la femme d'un autre.
-C'est bien! dit maître Estève quand il eut regardé les lettres; entre boire un verre de muscat."
L'homme répond: "Merci! j'ai plus de chagrin que de soif."
Et il s'en va.
Le père rentre, impassible. Il reprend sa place à table; et le repas s'achève gaiement...
L' Arlésienne
Mais Jean voulait son Arlésienne à toute force. Il disait:
"Je mourrai si on ne me la donne pas."
Il fallut en passer par là. On décida de les marier après la moisson.
Donc, un dimanche soir, dans la cour du mas, la famille achevait de dîner. C'était presque un repas de noces. La fiancée n'y assistait pas, mais on avait bu en son honneur tout le temps... Un homme se présente à la porte, et d'une voix qui tremble, demande à parler à maître Estève, à lui seul. Estève se lève et sort sur la route.
"Maître, lui dit l'homme, vous allez marier votre enfant à une coquine qui a été ma maîtresse pendant deux ans. Ce que j'avance, je le prouve; voici des lettres!... Ses parents savent tout et me l'avaient promise; mais depuis que votre fils la recherche, ni eux ni la belle ne veulent plus de moi... j'aurais cru pourtant qu'après ça elle ne pouvait pas être la femme d'un autre.
-C'est bien! dit maître Estève quand il eut regardé les lettres; entre boire un verre de muscat."
L'homme répond: "Merci! j'ai plus de chagrin que de soif."
Et il s'en va.
Le père rentre, impassible. Il reprend sa place à table; et le repas s'achève gaiement...