Le Lettres de mon moulin d'Alphonse Daudet
Le curé de Cucugnan
Tous les ans, à la Chandeleur, les poètes provençaux publient en Avignon un joyeux petit livre rempli jusqu'aux bords de beaux vers et de jolis contes. Celui de cette année m'arrive à l'instant, et j'y trouve un adorable fabliau que je vais essayer de vous traduire en l'abrégeant un peu...Parisien, tendez vos mannes. C'est de la fine fleur de farine provençale qu'on va vous servir cette fois...
L'abbé Martin était curé... de Cucugnan.
Bon comme le pain, franc comme l'or, il aimait paternellement ses Cucugnanais; pour lui, son Cucugnan aurait été le paradis sur terre, si les Cucugnanais lui avaient donné un peu de satisfaction. Mais hélas! les araignées filaient dans son confessionnal, et, le beau jour de Pâques, les hosties restaient au fond de son saint ciboire. Le bon prêtre en avait le coeur meurtri, et toujours il demandait à Dieu la grâce de ne pas mourir avant d'avoir ramené au bercail son troupeau dispersé.
Or, vous allez voir que Dieu l'entendit.
Un dimanche, après l'Evangile, M. Martin monta en chaire.
"Mes frères, dit-il, vous me croirez si vous voulez; l'autre nuit, je me suis trouvé, moi misérable pécheur, à la porte du paradis."
Publié dans l'Evénement du 28 octobre 1866, sous le titre:"Le sermon de M. Martin, curé de Cucugnan". C'est à quelques détails près, la transposition française d'un conte en provençal paru dans l'Armana prouvençau de 1867, sous la signature de Joseph Roumanille.
Je ne sais s'il existe un abbé Martin, c'est peu probable. En tout cas, il y a un village de Cucugnan dans le canton de Tuchan, près de Carcassonne. Peu importe à Daudet, qui cherche surtout "un village de fantaisie où faire défiler une série d'habitants fantaisistes". Ce nom se trouvait déjà chez Roumanille, et il est vraisemblable que ses sonorités comiques ne sont pas étrangères à son choix.
Le curé de Cucugnan
Tous les ans, à la Chandeleur, les poètes provençaux publient en Avignon un joyeux petit livre rempli jusqu'aux bords de beaux vers et de jolis contes. Celui de cette année m'arrive à l'instant, et j'y trouve un adorable fabliau que je vais essayer de vous traduire en l'abrégeant un peu...Parisien, tendez vos mannes. C'est de la fine fleur de farine provençale qu'on va vous servir cette fois...
L'abbé Martin était curé... de Cucugnan.
Bon comme le pain, franc comme l'or, il aimait paternellement ses Cucugnanais; pour lui, son Cucugnan aurait été le paradis sur terre, si les Cucugnanais lui avaient donné un peu de satisfaction. Mais hélas! les araignées filaient dans son confessionnal, et, le beau jour de Pâques, les hosties restaient au fond de son saint ciboire. Le bon prêtre en avait le coeur meurtri, et toujours il demandait à Dieu la grâce de ne pas mourir avant d'avoir ramené au bercail son troupeau dispersé.
Or, vous allez voir que Dieu l'entendit.
Un dimanche, après l'Evangile, M. Martin monta en chaire.
"Mes frères, dit-il, vous me croirez si vous voulez; l'autre nuit, je me suis trouvé, moi misérable pécheur, à la porte du paradis."
Publié dans l'Evénement du 28 octobre 1866, sous le titre:"Le sermon de M. Martin, curé de Cucugnan". C'est à quelques détails près, la transposition française d'un conte en provençal paru dans l'Armana prouvençau de 1867, sous la signature de Joseph Roumanille.
Je ne sais s'il existe un abbé Martin, c'est peu probable. En tout cas, il y a un village de Cucugnan dans le canton de Tuchan, près de Carcassonne. Peu importe à Daudet, qui cherche surtout "un village de fantaisie où faire défiler une série d'habitants fantaisistes". Ce nom se trouvait déjà chez Roumanille, et il est vraisemblable que ses sonorités comiques ne sont pas étrangères à son choix.