Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Les vieux
"Une lettre, père Azan?
-Oui, monsieur... ça vient de Paris."
Il était tout fier que ça vînt de Paris, ce brave père Azan... Pas moi. Quelque chose me disait que cette Parisienne de la rue Jean-Jacque, tombant sur ma table à l'improviste et de si grand matin, allait me faire perdre toute ma journée. Je ne me trompais pas, voyez plutôt:
Il faut que tu me rendes un service, mon ami. Tu vas fermer ton moulin pour un jour et t'en aller tout de suite à Eyguières... Eyguières est un gros bourg à trois ou quatre lieues de chez toi - une promenade -. En arrivant, tu demanderas le couvent des Orphelines. La première maison après le couvent est une maison basse à volets gris avec un jardinet derrière. Tu entreras sans frapper - la porte est toujours ouverte - et, en entrant tu crieras bien fort: "Bonjour, braves gens! Je suis l'ami de Maurice..." Alors, tu verras deux petits vieux, oh! mais vieux, vieux, archi-vieux, te tendre les bras du fond de leurs grands fauteuils, et tu les embrasseras de ma part, avec tout ton coeur, comme s'ils étaient à toi.
-Paru dans le Figaro du 23 Octobre 1868, ce récit de Daudet relate un fait réel qui se déroula dans la fin de l'année 1863: une visite qu'il fit à Chartres, aux parents d'un ami resté en poste à Ajaccio.
-Rue Jean-Jacques= rue Jean-Jacques Rousseau où se trouvaient alors, au n°9 l' administration des postes et le bureau central de Paris.
-Eyguières=chef-lieu de canton, au tiers du chemin entre la montagne du Lubéron (d'où viennent les troupeaux) et Arles.
Les vieux
"Une lettre, père Azan?
-Oui, monsieur... ça vient de Paris."
Il était tout fier que ça vînt de Paris, ce brave père Azan... Pas moi. Quelque chose me disait que cette Parisienne de la rue Jean-Jacque, tombant sur ma table à l'improviste et de si grand matin, allait me faire perdre toute ma journée. Je ne me trompais pas, voyez plutôt:
Il faut que tu me rendes un service, mon ami. Tu vas fermer ton moulin pour un jour et t'en aller tout de suite à Eyguières... Eyguières est un gros bourg à trois ou quatre lieues de chez toi - une promenade -. En arrivant, tu demanderas le couvent des Orphelines. La première maison après le couvent est une maison basse à volets gris avec un jardinet derrière. Tu entreras sans frapper - la porte est toujours ouverte - et, en entrant tu crieras bien fort: "Bonjour, braves gens! Je suis l'ami de Maurice..." Alors, tu verras deux petits vieux, oh! mais vieux, vieux, archi-vieux, te tendre les bras du fond de leurs grands fauteuils, et tu les embrasseras de ma part, avec tout ton coeur, comme s'ils étaient à toi.
-Paru dans le Figaro du 23 Octobre 1868, ce récit de Daudet relate un fait réel qui se déroula dans la fin de l'année 1863: une visite qu'il fit à Chartres, aux parents d'un ami resté en poste à Ajaccio.
-Rue Jean-Jacques= rue Jean-Jacques Rousseau où se trouvaient alors, au n°9 l' administration des postes et le bureau central de Paris.
-Eyguières=chef-lieu de canton, au tiers du chemin entre la montagne du Lubéron (d'où viennent les troupeaux) et Arles.
Dernière édition par Yves le Ven 27 Oct - 0:21, édité 2 fois