Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Les vieux
Et, tout le temps que je parlais, c'étaient entre eux des hochements de tête, de petits rires fins, des clignements d'yeux, des airs entendus, ou bien encore le vieux qui se rapprochait pour me dire:
"Parlez plus fort... Elle a l'oreille un peu dure."
Et elle de son côté:
"Un peu plus haut, je vous prie!... Il n'entend pas très bien..."
Alors j'élevais la voix: et tous deux me remerciaient d'un sourire; et dans ces sourires fanés qui se penchaient vers moi, cherchant jusqu'au fond de mes yeux l'image de leur Maurice, moi, j'étais tout ému de la retrouver, cette image, vague, voilée, presque insaisissable, comme si je voyais mon ami me sourire, très loin, dans un brouillard.
Tout à coup, le vieux se dresse sur son fauteuil:
"Mais j'y pense, Mamette... il n'a peut-être pas déjeuné!"
Et Mamette, effarée, le bras au ciel:
"Pas déjeuné!... Grand Dieu!"
Les vieux
Et, tout le temps que je parlais, c'étaient entre eux des hochements de tête, de petits rires fins, des clignements d'yeux, des airs entendus, ou bien encore le vieux qui se rapprochait pour me dire:
"Parlez plus fort... Elle a l'oreille un peu dure."
Et elle de son côté:
"Un peu plus haut, je vous prie!... Il n'entend pas très bien..."
Alors j'élevais la voix: et tous deux me remerciaient d'un sourire; et dans ces sourires fanés qui se penchaient vers moi, cherchant jusqu'au fond de mes yeux l'image de leur Maurice, moi, j'étais tout ému de la retrouver, cette image, vague, voilée, presque insaisissable, comme si je voyais mon ami me sourire, très loin, dans un brouillard.
Tout à coup, le vieux se dresse sur son fauteuil:
"Mais j'y pense, Mamette... il n'a peut-être pas déjeuné!"
Et Mamette, effarée, le bras au ciel:
"Pas déjeuné!... Grand Dieu!"