La neige en deuil d'Henri Troyat
Chqpitre 1
C'était Isaïe, à peine rentré du service militaire, qui avait mis son frère au monde, avec ses mains. Il l'avait tiré du ventre, lavé, frotté, roulé dans une couverture. Puis, il avait savonné tout le corps de la mère, taché de sang, gonflé de cris. Lorsque la sage-femme avait cogné à la porte, la chambre était propre, la mère et l'enfant reposaient côte à côte, la lampe à pétrole ne fumait pas. Deux ans plus tard, de fièvre en fièvre, la veuve de Vaudagne le Dru s'éteignait à son tout, vidée, la joue sèche, des paroles de folie à la bouche.
Reçu guide, comme son père, Isaïe avait élevé l'enfant, sans l'aide de personne, à sa façon. Marcellin allait à l'école, mais n'avait pas le goût de l'étude et de l'obéissance. Malgré les remontrances et les menaces, il apprenait ce qui lui plaisait, manquait le catéchisme et s'échappait de la messe, le dimanche, pour courir les bois, avec des galopins de son âge, friands de tours et de rapines.
Chqpitre 1
C'était Isaïe, à peine rentré du service militaire, qui avait mis son frère au monde, avec ses mains. Il l'avait tiré du ventre, lavé, frotté, roulé dans une couverture. Puis, il avait savonné tout le corps de la mère, taché de sang, gonflé de cris. Lorsque la sage-femme avait cogné à la porte, la chambre était propre, la mère et l'enfant reposaient côte à côte, la lampe à pétrole ne fumait pas. Deux ans plus tard, de fièvre en fièvre, la veuve de Vaudagne le Dru s'éteignait à son tout, vidée, la joue sèche, des paroles de folie à la bouche.
Reçu guide, comme son père, Isaïe avait élevé l'enfant, sans l'aide de personne, à sa façon. Marcellin allait à l'école, mais n'avait pas le goût de l'étude et de l'obéissance. Malgré les remontrances et les menaces, il apprenait ce qui lui plaisait, manquait le catéchisme et s'échappait de la messe, le dimanche, pour courir les bois, avec des galopins de son âge, friands de tours et de rapines.