Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 9
Sans me retourner, je répondis:
"Je n'ai pas faim."
Elle insista:
"Tu n'as rien mangé hier au soir. Allons, viens t'asseoir ici."
Je ne répondis pas. Comme elle venait vers moi, mon père - d'une voix de gendarme - dit:
"Laisse-le. S'il n'a pas faim, la nourriture pourrait le rendre malade. Ne prenons pas cette responsabilité. Après tout, le serpent boa ne mange qu'une fois par mois."
Et il planta, dans le silence, quatre clous: la guerre était déclarée.
Je restai à ma place, devant la fenêtre, sans les regarder.
J'entendais des phrases, comme celles-ci:
"Après tout, on a eu de belles vacances, mais on n'est pas mécontent de rrentrer chez soi!"
Et cette autre, proférée par mon père lui-même:
"C'est peut-être un vice chez moi, mais il me tarde de retrouver mes gosses et mon tableau noir!"
Chapitre 9
Sans me retourner, je répondis:
"Je n'ai pas faim."
Elle insista:
"Tu n'as rien mangé hier au soir. Allons, viens t'asseoir ici."
Je ne répondis pas. Comme elle venait vers moi, mon père - d'une voix de gendarme - dit:
"Laisse-le. S'il n'a pas faim, la nourriture pourrait le rendre malade. Ne prenons pas cette responsabilité. Après tout, le serpent boa ne mange qu'une fois par mois."
Et il planta, dans le silence, quatre clous: la guerre était déclarée.
Je restai à ma place, devant la fenêtre, sans les regarder.
J'entendais des phrases, comme celles-ci:
"Après tout, on a eu de belles vacances, mais on n'est pas mécontent de rrentrer chez soi!"
Et cette autre, proférée par mon père lui-même:
"C'est peut-être un vice chez moi, mais il me tarde de retrouver mes gosses et mon tableau noir!"