Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 10
Il s'élança soudain vers le bord de la barre, où se dressait un beau genévrier, se baissa et leva à bout de bras un oiseau que je pris pour un petit pigeon. Il cria:
"La première sayre!"
Je m'approchai.
C'était la grande grive des Alpes, celle que mon père avait un jour appelé "litorne".
Sa tête était d'un gris bleuté et, de sa gorge rouge, un éventail de mouchetures noires descendait sur le ventre blanc... Elle pesait dans ma main. Pendant que je la regardais tristement, Lili dit:
"Ecoute..."
Dans les pins, autour de nous, j'entendis les appels d'un grand nombre d'oiseaux: cela ressemblait au cri de la pie, mais sans l'éclatante vulgarité, sans la bruyante insolence de l'oiseau-voleur. C'était au contraire une voix gutturale et tendre, une voix un peu triste, la petite chanson de l'automne... Ces sayres arrivaient pour me voir partir.
Chapitre 10
Il s'élança soudain vers le bord de la barre, où se dressait un beau genévrier, se baissa et leva à bout de bras un oiseau que je pris pour un petit pigeon. Il cria:
"La première sayre!"
Je m'approchai.
C'était la grande grive des Alpes, celle que mon père avait un jour appelé "litorne".
Sa tête était d'un gris bleuté et, de sa gorge rouge, un éventail de mouchetures noires descendait sur le ventre blanc... Elle pesait dans ma main. Pendant que je la regardais tristement, Lili dit:
"Ecoute..."
Dans les pins, autour de nous, j'entendis les appels d'un grand nombre d'oiseaux: cela ressemblait au cri de la pie, mais sans l'éclatante vulgarité, sans la bruyante insolence de l'oiseau-voleur. C'était au contraire une voix gutturale et tendre, une voix un peu triste, la petite chanson de l'automne... Ces sayres arrivaient pour me voir partir.