Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 28
Nous cheminâmes avec une prudence extrême et une sage lenteur. Mon père, écrasé sous le poids de sa charge, transpirait horriblement. Paul s'arrêta pour enrouler une poignée d'herbe autour de la ficelle de son paquet, qui lui coupait les doigts. La petite soeur, effarée, était aussi muette que sa poupée.
De temps à autre, dressant son index minuscule devant sa bouche, elle disait dans un sourire:
"Chu...u...ut..." avec des yeux de lapin traqué. La pâleur muette de ma mère me serrait le coeur, mais je voyais au loin, par-dessus les arbres, au-delà des murs, le sommet de la Tête Ronde, où j'irais tendre mes pièges avant la nuit, au chant d'un grillon solitaire, et je savais qu'au pied de La Treille, Lili m'attendait, l'air indifférent, mais qu'il serait plein de nouvelles, de projets, et d'amitié.
Chapitre 28
Nous cheminâmes avec une prudence extrême et une sage lenteur. Mon père, écrasé sous le poids de sa charge, transpirait horriblement. Paul s'arrêta pour enrouler une poignée d'herbe autour de la ficelle de son paquet, qui lui coupait les doigts. La petite soeur, effarée, était aussi muette que sa poupée.
De temps à autre, dressant son index minuscule devant sa bouche, elle disait dans un sourire:
"Chu...u...ut..." avec des yeux de lapin traqué. La pâleur muette de ma mère me serrait le coeur, mais je voyais au loin, par-dessus les arbres, au-delà des murs, le sommet de la Tête Ronde, où j'irais tendre mes pièges avant la nuit, au chant d'un grillon solitaire, et je savais qu'au pied de La Treille, Lili m'attendait, l'air indifférent, mais qu'il serait plein de nouvelles, de projets, et d'amitié.
Dernière édition par Yves le Sam 25 Juin - 9:36, édité 1 fois