Le temps des secrets de Marcel Pagnol
Chapitre 4
Je l'aimais beaucoup le vieux maître André, mais je savais qu'il pouvait mourir à chaque instant, puisqu'il avait quatre-vingt-six ans. Je considérais même qu'un âge aussi extraordinaire, un âge d'arbre, était en somme abusif et que chaque nouvelle journée vécue représentait un tour de force de sa part, et un cadeau pour la famille.
C'est pourquoi le chagrin que ne manquerait pas de me causer sa perte était déjà réparti sur plusieurs années de mon enfance, et par conséquent presque "amorti", comme un vieil immeuble.
Comme je commençais à liquider ce compte par deux grosses larmes, j'entendis la voix de mon père qui disait sur un ton sérieux:
"Mais voyons, Fifi, tu plaisantes!"
Elle répondit à voix basse, par un très grand nombre de mots, puis l'oncle Jules dit gravement:
"A cet âge-là, c'est peut être plus sérieux que vous ne le croyez!"
Chapitre 4
Je l'aimais beaucoup le vieux maître André, mais je savais qu'il pouvait mourir à chaque instant, puisqu'il avait quatre-vingt-six ans. Je considérais même qu'un âge aussi extraordinaire, un âge d'arbre, était en somme abusif et que chaque nouvelle journée vécue représentait un tour de force de sa part, et un cadeau pour la famille.
C'est pourquoi le chagrin que ne manquerait pas de me causer sa perte était déjà réparti sur plusieurs années de mon enfance, et par conséquent presque "amorti", comme un vieil immeuble.
Comme je commençais à liquider ce compte par deux grosses larmes, j'entendis la voix de mon père qui disait sur un ton sérieux:
"Mais voyons, Fifi, tu plaisantes!"
Elle répondit à voix basse, par un très grand nombre de mots, puis l'oncle Jules dit gravement:
"A cet âge-là, c'est peut être plus sérieux que vous ne le croyez!"