Le temps des secrets de Marcel Pagnol
Chapitre 4
"Allons, dit-il, lève-toi, et mets ton costume de ville."
Je frottai mes paupières à poings fermés, comme il est d'usage, et je dis - d'une voix ensommeillée:
"Qu'est-ce qu'il y a?
-Ton grand-père est malade, et il veut absolument nous voir."
Avec une angoisse qui n'était qu'à demi feinte, je m'écriai:
"Il est mort?
-Mais non, dit mon père. Puisque je te dis qu'il veut nous voir!
-Moi aussi, il faut que j'y aille?
-Oui, toi aussi, il te réclame.
-Est-ce qu'il est très malade?
-Je ne crois pas, dit mon père. Je crois que c'est surtout moral. C'est pour ça qu'il faut aller le réconforter. Dépêche -toi."
Ma tante Fifi me serra sur son coeur, c'est à dire contre les baleines de son corset, et me dit, avec une certaine solennité, que mon grand-père me faisait un grand honneur en m'appelant à son chevet comme l'aîné de ses petits enfants, parce que c'était moi qui aurais la charge d'être le chef de la tribu, après la mort de mon père, dont elle parlait avec une sérénité glaciale, tout en remettant de longs gants café au lait.
Chapitre 4
"Allons, dit-il, lève-toi, et mets ton costume de ville."
Je frottai mes paupières à poings fermés, comme il est d'usage, et je dis - d'une voix ensommeillée:
"Qu'est-ce qu'il y a?
-Ton grand-père est malade, et il veut absolument nous voir."
Avec une angoisse qui n'était qu'à demi feinte, je m'écriai:
"Il est mort?
-Mais non, dit mon père. Puisque je te dis qu'il veut nous voir!
-Moi aussi, il faut que j'y aille?
-Oui, toi aussi, il te réclame.
-Est-ce qu'il est très malade?
-Je ne crois pas, dit mon père. Je crois que c'est surtout moral. C'est pour ça qu'il faut aller le réconforter. Dépêche -toi."
Ma tante Fifi me serra sur son coeur, c'est à dire contre les baleines de son corset, et me dit, avec une certaine solennité, que mon grand-père me faisait un grand honneur en m'appelant à son chevet comme l'aîné de ses petits enfants, parce que c'était moi qui aurais la charge d'être le chef de la tribu, après la mort de mon père, dont elle parlait avec une sérénité glaciale, tout en remettant de longs gants café au lait.
Dernière édition par Yves le Mer 25 Jan - 1:03, édité 1 fois