Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
La légende de l'homme à la cervelle d'or
A la dame qui demande des histoires gaies.
En lisant votre lettre, madame, j'ai eu comme un remords. Je m'en suis voulu de la couleur un peu trop demi-deuil de mes historiettes, et je m'étais promis de vous offrir aujourd'hui quelque chose de joyeux, de follement joyeux.
Pourquoi serais-je triste, après tout? Je vis à mille lieues des brouillards parisiens, sur une colline lumineuse, dans le pays des tambourins et du vin muscat. Autour de chez moi tout n'est que soleil et musique; j'ai des orchestres de culs-blancs, des orphéons de mésanges; le matin, les courlis qui font:"Coureli! coureli!"; à midi, les cigales; puis les pâtres qui jouent du fifre, et les belles filles brunes qu'on entend rire dans les vignes... En vérité, l'endroit est mal choisi pour broyer du noir; je devrais plutôt expédier aux dames des poèmes couleur de rose, et de pleins paniers de contes galants.
Paru dans l' Evénement du 29 septembre 1866, cette légende remonte en réalité beaucoup plus haut, puisqu'on en connaît une première version datée de 1860. Daudet reprend ici un thème illustré par Balzac dans La Peau de chagrin.
cul-blanc= nom que l'on donne à certains oiseaux comme les pétrels ou les chevaliers. Les premiers vivent dans les mers froides, tandis que les seconds, sorte d'échassiers semblables aux bécasseaux, vivent près des étangs.
La légende de l'homme à la cervelle d'or
A la dame qui demande des histoires gaies.
En lisant votre lettre, madame, j'ai eu comme un remords. Je m'en suis voulu de la couleur un peu trop demi-deuil de mes historiettes, et je m'étais promis de vous offrir aujourd'hui quelque chose de joyeux, de follement joyeux.
Pourquoi serais-je triste, après tout? Je vis à mille lieues des brouillards parisiens, sur une colline lumineuse, dans le pays des tambourins et du vin muscat. Autour de chez moi tout n'est que soleil et musique; j'ai des orchestres de culs-blancs, des orphéons de mésanges; le matin, les courlis qui font:"Coureli! coureli!"; à midi, les cigales; puis les pâtres qui jouent du fifre, et les belles filles brunes qu'on entend rire dans les vignes... En vérité, l'endroit est mal choisi pour broyer du noir; je devrais plutôt expédier aux dames des poèmes couleur de rose, et de pleins paniers de contes galants.
Paru dans l' Evénement du 29 septembre 1866, cette légende remonte en réalité beaucoup plus haut, puisqu'on en connaît une première version datée de 1860. Daudet reprend ici un thème illustré par Balzac dans La Peau de chagrin.
cul-blanc= nom que l'on donne à certains oiseaux comme les pétrels ou les chevaliers. Les premiers vivent dans les mers froides, tandis que les seconds, sorte d'échassiers semblables aux bécasseaux, vivent près des étangs.
Dernière édition par Yves le Dim 26 Nov - 0:58, édité 2 fois