Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 5
Mais, comme le grand Skakespeare devait me l'enseigner plus tard, crime will out, c'est à dire que les crimes ne restent jamais ignorés, si bien qu'un soir, après la chasse, je le trouvai dans notre chambre, sanglotant sur son oreiller.
Il avait, en ce jour fatal, inventé un nouveau jeu dont les règles étaient très simples....
Il pinçait fortement la fesse droite de la petite soeur, qui poussait aussitôt des cris perçants. Alors Paul courait, comme éperdu vers la maison:
"Maman! viens vite! Une guêpe l'a piquée!"
Maman accourut deux fois avec du coton et de l'ammoniaque, et chercha à extraire, entre deux ongles, un aiguillon qui n'existait pas, ce qui redoubla les hurlements de la petite soeur, pour la plus grande joie du sensible Paul.
Mais il commit la grande erreur de renouveler une fois de trop sa plaisanterie fraternelle.
Ma mère, qui avait conçu des doutes, le prit sur le fait: il reçut une gifle magistrale suivie de quelques coups de martinet, qu'il accepta sans broncher: mais la remontrance pathétique qui suivit lui brisa le coeur, et à sept heures du soir, il en était inconsolable. A table, il se priva lui-même de dessert, tandis que la petite soeur martyrisée et reconnaissante lui offrait en pleurant de tendresse sa propre part de crème au caramel...
Chapitre 5
Mais, comme le grand Skakespeare devait me l'enseigner plus tard, crime will out, c'est à dire que les crimes ne restent jamais ignorés, si bien qu'un soir, après la chasse, je le trouvai dans notre chambre, sanglotant sur son oreiller.
Il avait, en ce jour fatal, inventé un nouveau jeu dont les règles étaient très simples....
Il pinçait fortement la fesse droite de la petite soeur, qui poussait aussitôt des cris perçants. Alors Paul courait, comme éperdu vers la maison:
"Maman! viens vite! Une guêpe l'a piquée!"
Maman accourut deux fois avec du coton et de l'ammoniaque, et chercha à extraire, entre deux ongles, un aiguillon qui n'existait pas, ce qui redoubla les hurlements de la petite soeur, pour la plus grande joie du sensible Paul.
Mais il commit la grande erreur de renouveler une fois de trop sa plaisanterie fraternelle.
Ma mère, qui avait conçu des doutes, le prit sur le fait: il reçut une gifle magistrale suivie de quelques coups de martinet, qu'il accepta sans broncher: mais la remontrance pathétique qui suivit lui brisa le coeur, et à sept heures du soir, il en était inconsolable. A table, il se priva lui-même de dessert, tandis que la petite soeur martyrisée et reconnaissante lui offrait en pleurant de tendresse sa propre part de crème au caramel...
Dernière édition par Yves le Jeu 17 Déc - 8:19, édité 1 fois