Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 21 (fin)
Puis, il haussa deux fois les épaules, puis il secoua la tête, avec un petit rire moqueur; enfin il parla:
"Puisqu'il faut tout vous dire, je vais vous apprendre une bonne chose: s'il y avait le moindre accident, je me charge de tout arranger, parce que ma soeur est mariée (de la main gauche) avec un conseiller général!"
Cette phrase me parut d'abord mystérieuse; mais je vis tout à coup cette soeur gauchère sortir de la mairie au bras d'un général en grand uniforme, qui lui donnait de précieux conseils.
Comme mon père paraissait encore hésitant, Bouzigue ajouta:
"Et en plus, c'est elle qui a fait nommer Bistagne, le sous-directeur du canal; et si Bistagne me faisait la moindre critique, elle l'endormirait d'un coup de traversin."
J'en conclus aussitôt une grande admiration pour cette femme courageuse, capable d'abattre les ennemis de son frère sans toutefois les blesser. Mon père partagea sans doute mon sentiment, car nous suivîmes Bouzigue, sur le terrain d'autrui.
Hélène, j'ai rencontré une difficulté pour rendre en grec les allusions de Bouzigue, pour qu'elles paraissent compréhensibles. La soeur de Bouzigue est une femme de petite vertu qui vit en concubinage (elle est donc mariée de la main gauche) et se fait entretenir par ses amants. D'autre part elle intrigue pour obtenir d'eux des faveurs, car elle choisit des amants influents. Et évidemment, ceci se passe sur l'oreiller, où elle use de sa séduction (elle les "endort" d'un coup de traversin, comme dit Bouzigue.) Le petit Marcel, qui a seulement 9,10 ans, qui vit à une époque où les enfants sont tenus à l'écart des questions sexuelles, en est réduit à se fier à son imagination lorsqu'il entend parler de "coup de traversin" et croit qu'il s'agit d'une bataille de pelochons.
-traversin=oreiller=pelochon.
Chapitre 21 (fin)
Puis, il haussa deux fois les épaules, puis il secoua la tête, avec un petit rire moqueur; enfin il parla:
"Puisqu'il faut tout vous dire, je vais vous apprendre une bonne chose: s'il y avait le moindre accident, je me charge de tout arranger, parce que ma soeur est mariée (de la main gauche) avec un conseiller général!"
Cette phrase me parut d'abord mystérieuse; mais je vis tout à coup cette soeur gauchère sortir de la mairie au bras d'un général en grand uniforme, qui lui donnait de précieux conseils.
Comme mon père paraissait encore hésitant, Bouzigue ajouta:
"Et en plus, c'est elle qui a fait nommer Bistagne, le sous-directeur du canal; et si Bistagne me faisait la moindre critique, elle l'endormirait d'un coup de traversin."
J'en conclus aussitôt une grande admiration pour cette femme courageuse, capable d'abattre les ennemis de son frère sans toutefois les blesser. Mon père partagea sans doute mon sentiment, car nous suivîmes Bouzigue, sur le terrain d'autrui.
Hélène, j'ai rencontré une difficulté pour rendre en grec les allusions de Bouzigue, pour qu'elles paraissent compréhensibles. La soeur de Bouzigue est une femme de petite vertu qui vit en concubinage (elle est donc mariée de la main gauche) et se fait entretenir par ses amants. D'autre part elle intrigue pour obtenir d'eux des faveurs, car elle choisit des amants influents. Et évidemment, ceci se passe sur l'oreiller, où elle use de sa séduction (elle les "endort" d'un coup de traversin, comme dit Bouzigue.) Le petit Marcel, qui a seulement 9,10 ans, qui vit à une époque où les enfants sont tenus à l'écart des questions sexuelles, en est réduit à se fier à son imagination lorsqu'il entend parler de "coup de traversin" et croit qu'il s'agit d'une bataille de pelochons.
-traversin=oreiller=pelochon.
Dernière édition par Yves le Sam 15 Jan - 1:02, édité 1 fois