Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 22
Nous attendions, groupés comme des moutons, à l'abri d'un arbousier. Ma mère était pâle, et respirait vite. Mon frère Paul avait cessé de croquer le sucre qu'il dérobait dans son paquet. Mon père, le visage tendu en avant, regardait à travers les branches.
Enfin, Bouzigue dit:
"La voie est libre. Amenez-vous! Mais baissez-vous", ajouta-t-il.
Mon père, courbé en deux et ses paquets frôlant le sol, s'avança le premier.
Mon frère Paul se mit en équerre, comme le centenaire du village, et disparut littéralement dans l'herbe. Je passai à mon tour, serrant les nouilles sur mon coeur horizontal. Enfin, ma mère, peu habituée aux exercices gymnastiques, avança gauchement, la tête basse, les épaules rentrées, comme une somnambule au bord d'un toit. Malgré ses jupons et son corset à baleines, elle était bien mince.
Chapitre 22
Nous attendions, groupés comme des moutons, à l'abri d'un arbousier. Ma mère était pâle, et respirait vite. Mon frère Paul avait cessé de croquer le sucre qu'il dérobait dans son paquet. Mon père, le visage tendu en avant, regardait à travers les branches.
Enfin, Bouzigue dit:
"La voie est libre. Amenez-vous! Mais baissez-vous", ajouta-t-il.
Mon père, courbé en deux et ses paquets frôlant le sol, s'avança le premier.
Mon frère Paul se mit en équerre, comme le centenaire du village, et disparut littéralement dans l'herbe. Je passai à mon tour, serrant les nouilles sur mon coeur horizontal. Enfin, ma mère, peu habituée aux exercices gymnastiques, avança gauchement, la tête basse, les épaules rentrées, comme une somnambule au bord d'un toit. Malgré ses jupons et son corset à baleines, elle était bien mince.
Dernière édition par Yves le Jeu 3 Fév - 12:27, édité 2 fois