Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 26
Le vieux soldat fut d'autant plus intéressé qu'il fut très loin d'approuver le récit de l'historien - "un civil qui n'avait jamais mis le cul sur une selle" -et qu'il commença aussitôt la rédaction d'un mémoire pour rétablir la vérité.
Chaque samedi, en nous raccompagnant à travers ses jardins, il cueillait au passage un bouquet de grandes roses rouges, dont il avait créé l'espèce, et qu'il avait nommées "les Roses du Roy". Il en épointait les épines avec de petits ciseaux d'argent, et au moment de nous quitter, il offrait ces fleurs à ma mère, qui ne pouvait jamais s' empêcher de rougir. Elle ne les confiait à personne, et le lundi matin, elle les rapportait en ville. Pendant toute la semaine, elles brillaient sur un guéridon, penchées au bord d'un vase d'argile blanche dans un coin de la salle à manger, et notre maison républicaine était comme anoblie par les Roses du Roy.
Chapitre 26
Le vieux soldat fut d'autant plus intéressé qu'il fut très loin d'approuver le récit de l'historien - "un civil qui n'avait jamais mis le cul sur une selle" -et qu'il commença aussitôt la rédaction d'un mémoire pour rétablir la vérité.
Chaque samedi, en nous raccompagnant à travers ses jardins, il cueillait au passage un bouquet de grandes roses rouges, dont il avait créé l'espèce, et qu'il avait nommées "les Roses du Roy". Il en épointait les épines avec de petits ciseaux d'argent, et au moment de nous quitter, il offrait ces fleurs à ma mère, qui ne pouvait jamais s' empêcher de rougir. Elle ne les confiait à personne, et le lundi matin, elle les rapportait en ville. Pendant toute la semaine, elles brillaient sur un guéridon, penchées au bord d'un vase d'argile blanche dans un coin de la salle à manger, et notre maison républicaine était comme anoblie par les Roses du Roy.
Dernière édition par Yves le Ven 1 Avr - 9:29, édité 1 fois