Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 30
Nous partîmes physiquement ragaillardis, mais dans un grand trouble d'esprit. Mon père, fortement échauffé par deux gorgées d'alcool, et sous l'influence du sac tyrolien, marchait d'un pas militaire, mais son regard était morne, dans son visage immobile.
Ma mère me parut légère comme un oiseau. Paul et moi nous traînions la petite soeur, dont les petits bras, un peu écartelés, nous retenaient dans le droit chemin. Il fallut faire l'immense détour, et pendant toute cette route, personne ne dit un seul mot.
Lili, dans son impatience, n'avait pu rester à son poste, au pied de La Treille. Il était venu à notre rencontre, et nous le trouvâmes à La Croix.
Il me serra la main, embrassa Paul, puis, tout rougissant, il prit les paquets de ma mère. Il avait un air de fête, mais il parut subitement inquiet, et me demanda à voix basse:
"Qu'est-ce qu'il y a?"
Chapitre 30
Nous partîmes physiquement ragaillardis, mais dans un grand trouble d'esprit. Mon père, fortement échauffé par deux gorgées d'alcool, et sous l'influence du sac tyrolien, marchait d'un pas militaire, mais son regard était morne, dans son visage immobile.
Ma mère me parut légère comme un oiseau. Paul et moi nous traînions la petite soeur, dont les petits bras, un peu écartelés, nous retenaient dans le droit chemin. Il fallut faire l'immense détour, et pendant toute cette route, personne ne dit un seul mot.
Lili, dans son impatience, n'avait pu rester à son poste, au pied de La Treille. Il était venu à notre rencontre, et nous le trouvâmes à La Croix.
Il me serra la main, embrassa Paul, puis, tout rougissant, il prit les paquets de ma mère. Il avait un air de fête, mais il parut subitement inquiet, et me demanda à voix basse:
"Qu'est-ce qu'il y a?"