Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 30
Dans son esprit, c'était le signe de la puissance, et il pensait qu'entre képis, les choses pouvaient peut-être s'arranger. Il ajouta:
"Moi, je lui en parlerai demain matin."
Nous arrivâmes enfin à la Bastide, qui nous attendait dans le crépuscule, sous le grand figuier plein de moineaux.
Nous aidâmes mon père à défaire tous les paquets. Il était sombre, et raclait sa gorge de temps en temps. Ma mère préparait en silence la bouillie de la petite soeur, pendant que Lili allumait le feu sous la marmite de la crémaillère.
Je sortis, pour regarder le jardin. Paul était déjà dans un olivier, et des cigales chantaient dans toutes ses poches, mais la beauté du soir me serra le coeur: de tant de joies que je m'étais promises, il ne restait rien.
Lili vint me rejoindre, et dit à voix basse:
"Il faut que j'en parle à mon père."
Je le vis partir, les mains dans les poches, à travers la vigne d'Orgnon.
Chapitre 30
Dans son esprit, c'était le signe de la puissance, et il pensait qu'entre képis, les choses pouvaient peut-être s'arranger. Il ajouta:
"Moi, je lui en parlerai demain matin."
Nous arrivâmes enfin à la Bastide, qui nous attendait dans le crépuscule, sous le grand figuier plein de moineaux.
Nous aidâmes mon père à défaire tous les paquets. Il était sombre, et raclait sa gorge de temps en temps. Ma mère préparait en silence la bouillie de la petite soeur, pendant que Lili allumait le feu sous la marmite de la crémaillère.
Je sortis, pour regarder le jardin. Paul était déjà dans un olivier, et des cigales chantaient dans toutes ses poches, mais la beauté du soir me serra le coeur: de tant de joies que je m'étais promises, il ne restait rien.
Lili vint me rejoindre, et dit à voix basse:
"Il faut que j'en parle à mon père."
Je le vis partir, les mains dans les poches, à travers la vigne d'Orgnon.