Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 32
A deux heures, nous repartîmes en expédition, accompagnés de Paul, spécialiste de l'extraction des escargots cachés dans les trous des vieux murs, ou des souches d'olivier. Nous travaillâmes sans arrêt, pendant trois heures, à entasser des provisions, pour faire face à la ruine prochaine. Nous repartîmes vers six heures, chargés d'amandes, d'escargots, de prunelles des bois, de belles prunes bleues volées chez maître Etienne, et d'une musette d'abricots presque mûrs, cueillis sur un très vieil arbre qui s'obstinait, depuis cinquante ans, à fleurir dans les ruines solitaires d'une ferme abandonnée.
Je me réjouissais de faire l'offrande de ce butin à ma mère, lorsque je vis qu'elle n'était pas seule; elle était assise sur la terrasse, en face de mon père, qui buvait à la régalade, en tenant le coq de terre poreuse au-dessus de son visage levé vers le ciel.
Chapitre 32
A deux heures, nous repartîmes en expédition, accompagnés de Paul, spécialiste de l'extraction des escargots cachés dans les trous des vieux murs, ou des souches d'olivier. Nous travaillâmes sans arrêt, pendant trois heures, à entasser des provisions, pour faire face à la ruine prochaine. Nous repartîmes vers six heures, chargés d'amandes, d'escargots, de prunelles des bois, de belles prunes bleues volées chez maître Etienne, et d'une musette d'abricots presque mûrs, cueillis sur un très vieil arbre qui s'obstinait, depuis cinquante ans, à fleurir dans les ruines solitaires d'une ferme abandonnée.
Je me réjouissais de faire l'offrande de ce butin à ma mère, lorsque je vis qu'elle n'était pas seule; elle était assise sur la terrasse, en face de mon père, qui buvait à la régalade, en tenant le coq de terre poreuse au-dessus de son visage levé vers le ciel.