Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Ballades en prose
En ouvrant ma porte ce matin, il y avait autour de mon moulin un grand tapis de gelée blanche. L'herbe luisait et craquait comme du verre; toute la colline grelottait... Pour un jour ma chère Provence s'était déguisée en pays du Nord; et c'est parmi les pins frangés de givre, les touffes de lavandes épanouies en bouquets de cristal, que j'ai écrit ces deux ballades d'une fantaisie un peu germanique, pendant que la gelée m'envoyait ses étincelles blanches et que là-haut, dans le ciel clair, de grands triangles de cigognes venues du pays d' Henri Heine, descendaient vers la Camargue en criant:" Il fait froid... froid... froid."
Les deux textes qui composent cet ensemble parurent dans l' Evénement du 13 octobre 1866, sans le surtitre " Ballades en prose", et dans l'ordre inverse de celui que nous avons ici; de plus, "La mort du dauphin" s'appelait alors "Le petit Dauphin est malade".
Les deux textes étaient précédés d'une lettre à Villemessant, directeur du journal, destinée à lui expliquer que, à défaut de vers qu'il avait demandés pour son quotidien, il devrait "se contenter en attendant de deux petits poèmes sans rimes". Le titre de "ballades", adopté dans l'édition définitive, souligne ce caractère poétique, tout en plaçant ces oeuvres dans une tradition à la mode: celle d'un poème en prose, illustrée notamment par Aloysius Bertrand ou Baudelaire.
fantaisie= La "fantaisie" que l'on trouve exploitée sous cette appellation en poésie de Nerval à Rimbaud, définit un récit à la fois imaginaire et fantastique. En utilisant ce mot, Daudet renvoie à Hoffmann (Fantaisies à la manière de Callot) ou Heine (Drames et fantaisies).
Heinrich Heine (né probablement en 1797, mort en 1856), romantique allemand, fut connu en France grâce à Gérard de Nerval. Son oeuvre, riche en contes, légendes et ballades, emporte le lecteur dans ce que le prélude de L'Intermezzo (un des maîtres livres de la génération de 1860) appelle "l'antique forêt aux enchantements".
Ballades en prose
En ouvrant ma porte ce matin, il y avait autour de mon moulin un grand tapis de gelée blanche. L'herbe luisait et craquait comme du verre; toute la colline grelottait... Pour un jour ma chère Provence s'était déguisée en pays du Nord; et c'est parmi les pins frangés de givre, les touffes de lavandes épanouies en bouquets de cristal, que j'ai écrit ces deux ballades d'une fantaisie un peu germanique, pendant que la gelée m'envoyait ses étincelles blanches et que là-haut, dans le ciel clair, de grands triangles de cigognes venues du pays d' Henri Heine, descendaient vers la Camargue en criant:" Il fait froid... froid... froid."
Les deux textes qui composent cet ensemble parurent dans l' Evénement du 13 octobre 1866, sans le surtitre " Ballades en prose", et dans l'ordre inverse de celui que nous avons ici; de plus, "La mort du dauphin" s'appelait alors "Le petit Dauphin est malade".
Les deux textes étaient précédés d'une lettre à Villemessant, directeur du journal, destinée à lui expliquer que, à défaut de vers qu'il avait demandés pour son quotidien, il devrait "se contenter en attendant de deux petits poèmes sans rimes". Le titre de "ballades", adopté dans l'édition définitive, souligne ce caractère poétique, tout en plaçant ces oeuvres dans une tradition à la mode: celle d'un poème en prose, illustrée notamment par Aloysius Bertrand ou Baudelaire.
fantaisie= La "fantaisie" que l'on trouve exploitée sous cette appellation en poésie de Nerval à Rimbaud, définit un récit à la fois imaginaire et fantastique. En utilisant ce mot, Daudet renvoie à Hoffmann (Fantaisies à la manière de Callot) ou Heine (Drames et fantaisies).
Heinrich Heine (né probablement en 1797, mort en 1856), romantique allemand, fut connu en France grâce à Gérard de Nerval. Son oeuvre, riche en contes, légendes et ballades, emporte le lecteur dans ce que le prélude de L'Intermezzo (un des maîtres livres de la génération de 1860) appelle "l'antique forêt aux enchantements".