La neige en deuil d' Henri Troyat
Chapitre 2
La clarté du soleil avait quitté les basses terres pour se réfugier, rouge et brillante, au sommet des rochers. Une longue nuée, couleur de feu vif, flottait encore dur le dôme de neige. Au-dessous, des coins d'ombre s'enfonçaient dans les balafres de la pierre. Les veines brillantes des cascades se changeaient en chevelures grises. Le glacier, hérissé de couperets d'argent, s'éteignait, s'émoussait, consentait à n'être plus qu'une tache pâle et plate. Et, à la base de l'édifice, les forêts se gorgeaient, les alpages se décomposaient, les lourds cailloux, enlisés dans l'herbe, affectaient un aspect de crânes ronds et pensifs. Isaïe hocha la tête:
-C'est tout mauvais, là-haut... Le ciel se pourrit...
Il ouvrit la porte. Les brebis entrèrent en se bousculant dans l'écurie. Isaïe leur avait préparé une litière de sapin et de feuilles de bouleau séchées. Le râtelier était bourré de foin. L'eau du baquet avait été renouvelée à l'aube.
Chapitre 2
La clarté du soleil avait quitté les basses terres pour se réfugier, rouge et brillante, au sommet des rochers. Une longue nuée, couleur de feu vif, flottait encore dur le dôme de neige. Au-dessous, des coins d'ombre s'enfonçaient dans les balafres de la pierre. Les veines brillantes des cascades se changeaient en chevelures grises. Le glacier, hérissé de couperets d'argent, s'éteignait, s'émoussait, consentait à n'être plus qu'une tache pâle et plate. Et, à la base de l'édifice, les forêts se gorgeaient, les alpages se décomposaient, les lourds cailloux, enlisés dans l'herbe, affectaient un aspect de crânes ronds et pensifs. Isaïe hocha la tête:
-C'est tout mauvais, là-haut... Le ciel se pourrit...
Il ouvrit la porte. Les brebis entrèrent en se bousculant dans l'écurie. Isaïe leur avait préparé une litière de sapin et de feuilles de bouleau séchées. Le râtelier était bourré de foin. L'eau du baquet avait été renouvelée à l'aube.