Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 12
Je repris ma route d'un pas assuré. Il se leva, remit le cou du sac sur son épaule et se hâta pour me rattraper. Il passa devant moi, s'arrêta, me regarda une seconde et dit avec émotion:
"Tu es formidable!"
Je pris aussitôt l'air formidable, mais je ne répondis rien.
Il me regardait toujours et dit encore:
"Il n'y en a pas deux comme toi!"
Enfin il me tourna le dos et reprit la marche en avant... Cependant, dix pas plus loin, il s'arrêta de nouveau et, sans se retourner, il dit encore:
"Il n'y a pas à dire: tu es formidable!"
Cette admiration stupéfaite qui flattait ma vanité me parut soudain très inquiétante, et il me fallut faire un effort pour rester formidable.
J'étais sur le point d'y réussir lorsqu'il me sembla entendre au loin, sur notre droite, comme une glissade dans la pierraille. Je m'arrêtai, je tendis l'oreille.
Chapitre 12
Je repris ma route d'un pas assuré. Il se leva, remit le cou du sac sur son épaule et se hâta pour me rattraper. Il passa devant moi, s'arrêta, me regarda une seconde et dit avec émotion:
"Tu es formidable!"
Je pris aussitôt l'air formidable, mais je ne répondis rien.
Il me regardait toujours et dit encore:
"Il n'y en a pas deux comme toi!"
Enfin il me tourna le dos et reprit la marche en avant... Cependant, dix pas plus loin, il s'arrêta de nouveau et, sans se retourner, il dit encore:
"Il n'y a pas à dire: tu es formidable!"
Cette admiration stupéfaite qui flattait ma vanité me parut soudain très inquiétante, et il me fallut faire un effort pour rester formidable.
J'étais sur le point d'y réussir lorsqu'il me sembla entendre au loin, sur notre droite, comme une glissade dans la pierraille. Je m'arrêtai, je tendis l'oreille.