Le temps des secrets de Marcel Pagnol
Chapitre 8
Je courais à flanc de coteau, dans l'herbe sèche de l'été, précédé par un feu d'artifice de sauterelles rouges et bleues qui fusaient en éventail.
Rapon, c'était un vallon des collines: il montait entre deux pentes boisées, qui finissaient par se rejoindre là-haut, juste au bord du ciel.
Le fond était un petit lac de terre - une "planette" - où les rudes paysans d'autrefois avaient cultivé la vigne, le blé noir, et les pois chiches. Mais depuis la triste invention du service militaire obligatoire, leurs fils, libérés des casernes, étaient restés prisonniers des villes, où ils avaient fondé des dynasties de garde-barrière, de cantonniers, et de facteurs; si bien qu'au jour même de la mort des vieux, la colline, qui n'attendait que ça, avait lancé sur les champs abandonnés des vagues concentriques de thym, puis de fenouils, puis de cistes et d'aubépines.
Chapitre 8
Je courais à flanc de coteau, dans l'herbe sèche de l'été, précédé par un feu d'artifice de sauterelles rouges et bleues qui fusaient en éventail.
Rapon, c'était un vallon des collines: il montait entre deux pentes boisées, qui finissaient par se rejoindre là-haut, juste au bord du ciel.
Le fond était un petit lac de terre - une "planette" - où les rudes paysans d'autrefois avaient cultivé la vigne, le blé noir, et les pois chiches. Mais depuis la triste invention du service militaire obligatoire, leurs fils, libérés des casernes, étaient restés prisonniers des villes, où ils avaient fondé des dynasties de garde-barrière, de cantonniers, et de facteurs; si bien qu'au jour même de la mort des vieux, la colline, qui n'attendait que ça, avait lancé sur les champs abandonnés des vagues concentriques de thym, puis de fenouils, puis de cistes et d'aubépines.