Le temps des secrets de Marcel Pagnol
Chapitre 25
Il cultivait dans la colline une assez grande vigne de "jacquez": ce raisin noir à petits grains serrés donne un vin d'une rare violence. Pétugue, qui se contentait d'un oignon le matin, de quelques tomates à midi, et de la moitié d'un pain frotté d'ail, complétait ce régime par cinq ou six litres de ce nectar, si bien qu'à sa grande indignation on le considérait comme l'ivrogne du village.
Un après-midi, on l'avait vu arriver sur la place du village, blême, tremblant, flageolant. Penché sur la conque de la fontaine, il avait bu comme un mulet, et ce spectacle surprenant avait excité la curiosité du boucher, du boulanger, et de M. Vincent qui passait par là.
Alors, toujours tremblant et bégayant, il raconta son aventure.
Il avait passé la matinée à sa vigne, puis, après la sieste sous le grand pin, il était redescendu, portant son fusil sous le bras, et précédé de son chien, qui s'appelait Souffrance, mais qui ne savait pas encore pourquoi.
Chapitre 25
Il cultivait dans la colline une assez grande vigne de "jacquez": ce raisin noir à petits grains serrés donne un vin d'une rare violence. Pétugue, qui se contentait d'un oignon le matin, de quelques tomates à midi, et de la moitié d'un pain frotté d'ail, complétait ce régime par cinq ou six litres de ce nectar, si bien qu'à sa grande indignation on le considérait comme l'ivrogne du village.
Un après-midi, on l'avait vu arriver sur la place du village, blême, tremblant, flageolant. Penché sur la conque de la fontaine, il avait bu comme un mulet, et ce spectacle surprenant avait excité la curiosité du boucher, du boulanger, et de M. Vincent qui passait par là.
Alors, toujours tremblant et bégayant, il raconta son aventure.
Il avait passé la matinée à sa vigne, puis, après la sieste sous le grand pin, il était redescendu, portant son fusil sous le bras, et précédé de son chien, qui s'appelait Souffrance, mais qui ne savait pas encore pourquoi.