Voici la suite des Paysans.
Les niveaux les plus faibles pourront s'arrêter après la première phrase.
Les plus forts iront jusqu'au bout.
Cette allure plaisait aux gens avec lesquels il traitait, car il s'enveloppait d'une gaieté trompeuse; il savait beaucoup parler sans rien dire de ce qu'il voulait taire; il écrivait peu, pour pouvoir nier ce qui lui était défavorable dans ce qu'il laissait échapper. Ses écritures étaient tenues par un caissier, un homme probe que les gens du caractère de Gaubertin savent toujours dénicher, et de qui, dans leur intérêt, ils font leur première dupe.
Quand le petit cabriolet d'osier de Rigou se montra, vers les huit heures, dans l'avenue qui, depuis la poste, longe la rivière, Gaubertin, en casquette, en bottes, en veste, revenait déjà des ports; il hâta le pas en devinant bien que Rigou ne se déplaçait que pour la grande affaire.
"Bonjour, père l'empoigneur, bonjour bonne panse pleine de fiel et de sagesse, dit-il en donnant tour à tour une petite tape sur le ventre des deux visiteurs, nous avons à parler d'affaires, et nous en parlerons le verre en main, nom d'un petit bonhomme! voilà la vraie manière.
-A ce métier-là, vous devriez être gras, dit Rigou.
-Je me donne trop de mal; je ne suis pas comme vous autres, confiné dans ma maison, acoquiné là, comme un vieux roquentin...Ah! vous faites bien, ma foi! vous pouvez agir le dos au feu, le ventre à table, assis sur un fauteuil...la pratique vient vous trouver. Mais entrez donc, nom d'un petit bonhomme! La maison est bien à vous pour tout le temps que vous y resterez."
roquentin : le mot désignait depuis François Ier de vieux militaires en retraite, leur demi-paye se justifiait par de petites fonctions où l'on peut voir comme un préfiguration lointaine de "nos emplois réservés".
Les niveaux les plus faibles pourront s'arrêter après la première phrase.
Les plus forts iront jusqu'au bout.
Cette allure plaisait aux gens avec lesquels il traitait, car il s'enveloppait d'une gaieté trompeuse; il savait beaucoup parler sans rien dire de ce qu'il voulait taire; il écrivait peu, pour pouvoir nier ce qui lui était défavorable dans ce qu'il laissait échapper. Ses écritures étaient tenues par un caissier, un homme probe que les gens du caractère de Gaubertin savent toujours dénicher, et de qui, dans leur intérêt, ils font leur première dupe.
Quand le petit cabriolet d'osier de Rigou se montra, vers les huit heures, dans l'avenue qui, depuis la poste, longe la rivière, Gaubertin, en casquette, en bottes, en veste, revenait déjà des ports; il hâta le pas en devinant bien que Rigou ne se déplaçait que pour la grande affaire.
"Bonjour, père l'empoigneur, bonjour bonne panse pleine de fiel et de sagesse, dit-il en donnant tour à tour une petite tape sur le ventre des deux visiteurs, nous avons à parler d'affaires, et nous en parlerons le verre en main, nom d'un petit bonhomme! voilà la vraie manière.
-A ce métier-là, vous devriez être gras, dit Rigou.
-Je me donne trop de mal; je ne suis pas comme vous autres, confiné dans ma maison, acoquiné là, comme un vieux roquentin...Ah! vous faites bien, ma foi! vous pouvez agir le dos au feu, le ventre à table, assis sur un fauteuil...la pratique vient vous trouver. Mais entrez donc, nom d'un petit bonhomme! La maison est bien à vous pour tout le temps que vous y resterez."
roquentin : le mot désignait depuis François Ier de vieux militaires en retraite, leur demi-paye se justifiait par de petites fonctions où l'on peut voir comme un préfiguration lointaine de "nos emplois réservés".