Voici la suite des Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Installation.
ll faut vous dire qu'en Provence, c'est l'usage, quand viennent les chaleurs, d'envoyer le bétail dans les Alpes. Bêtes et gens passent cinq ou six mois là-haut, logés à la belle étoile, dans l'herbe jusqu'au ventre; puis, au premier frisson de l'automne, on redescend au mas, et l'on revient brouter bourgeoisement les petites collines grises que parfume le romarin... Donc hier soir les troupeaux rentraient. Depuis le matin, le portail attendait, ouvert à deux battants, les bergeries étaient pleines de paille fraîche. D' heure en heure on se disait;" Maintenant, ils sont à Eyguières, maintenant au Paradou." Puis, tout à coup, vers le soir, un grand cri; "les voilà!" et là-bas, au lointain, nous voyons le troupeau s'avancer dans une gloire de poussière. Toute la route semble marcher avec lui... Les vieux béliers viennent d'abord, la corne en avant, l'air sauvage; derrière eux le gros des moutons, les mères un peu lasses, leurs nourrissons dans les pattes; les mules à pompons rouges portant dans des paniers les agnelets d'un jour qu'elles bercent en marchant; puis les chiens tout suants, avec des langues jusqu'à terre, et deux grands coquins de bergers drapés dans des manteaux de cadis roux qui leur tombent sur les talons comme des chapes.
Tous cela défile devant nous joyeusement et s'engouffre sous le portail, en piétinant avec un bruit d'averse...
Eyguières, chef-lieu de canton, au tiers du chemin entre la montagne du Lubéron (d'ou viennent les troupeaux) et Arles. Paradou (en 1875) Zola adoptera le même nom
"paradisiaque" dans" la Faute de l'abbé Mouret": commune au sud-est des Baux, proche du moulin de Daudet. Une note, dans la publication préoriginale du Figaro, montre que l'auteur s'inspire, pour décrire la transhumance, d'un passage du poème de Mistral, "Mireille" (chant IV)
Installation.
ll faut vous dire qu'en Provence, c'est l'usage, quand viennent les chaleurs, d'envoyer le bétail dans les Alpes. Bêtes et gens passent cinq ou six mois là-haut, logés à la belle étoile, dans l'herbe jusqu'au ventre; puis, au premier frisson de l'automne, on redescend au mas, et l'on revient brouter bourgeoisement les petites collines grises que parfume le romarin... Donc hier soir les troupeaux rentraient. Depuis le matin, le portail attendait, ouvert à deux battants, les bergeries étaient pleines de paille fraîche. D' heure en heure on se disait;" Maintenant, ils sont à Eyguières, maintenant au Paradou." Puis, tout à coup, vers le soir, un grand cri; "les voilà!" et là-bas, au lointain, nous voyons le troupeau s'avancer dans une gloire de poussière. Toute la route semble marcher avec lui... Les vieux béliers viennent d'abord, la corne en avant, l'air sauvage; derrière eux le gros des moutons, les mères un peu lasses, leurs nourrissons dans les pattes; les mules à pompons rouges portant dans des paniers les agnelets d'un jour qu'elles bercent en marchant; puis les chiens tout suants, avec des langues jusqu'à terre, et deux grands coquins de bergers drapés dans des manteaux de cadis roux qui leur tombent sur les talons comme des chapes.
Tous cela défile devant nous joyeusement et s'engouffre sous le portail, en piétinant avec un bruit d'averse...
Eyguières, chef-lieu de canton, au tiers du chemin entre la montagne du Lubéron (d'ou viennent les troupeaux) et Arles. Paradou (en 1875) Zola adoptera le même nom
"paradisiaque" dans" la Faute de l'abbé Mouret": commune au sud-est des Baux, proche du moulin de Daudet. Une note, dans la publication préoriginale du Figaro, montre que l'auteur s'inspire, pour décrire la transhumance, d'un passage du poème de Mistral, "Mireille" (chant IV)
Dernière édition par Yves le Dim 5 Mar - 0:35, édité 1 fois