Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
La mule du pape
Tout le haut clergé était là, les cardinaux en robes rouges, l'avocat du diable en velours noir, les abbés du couvent avec leurs petites mitres, les marguilliers de Saint-Agrico, les camails violets de la maîtrise, le bas clergé aussi, les soldats du pape en grand uniforme, les trois confréries de pénitents, les ermites du Mont Ventoux avec leurs mines farouches et le petit clerc qui va derrière en portant la clochette, les frères flagellants nus jusqu'à la ceinture, le sacristains fleuris en robes de juges, tous, tous, jusqu'aux donneurs d'eau bénite, et celui qui allume, et celui qui éteint...il n'y en avait pas un qui manquât... Ah! c'était une belle ordination! Des cloches, des pétards, du soleil, de la musique, et toujours ces enragés de tambourins qui menaient la danse, là-bas, sur le pont d' Avignon.
Quand Védène parut au milieu de l'assemblée, sa belle prestance et sa belle mine y firent courir un murmure d'admiration. C'était un magnifique Provençal, mais des blonds, avec de grands cheveux frisés au bout et une petite barbe follette qui semblait prise aux copeaux de fin métal tombé du burin de son père, le sculpteur d'or. Le bruit courait que dans cette barbe blonde les doigts de la reine Jeanne avaient quelquefois joué; et le sire de Védène avait bien, en effet, l'air glorieux et le regard distrait des hommes que les reines ont aimés...
avocat du diable= c'est celui, qui dans un procès en canonisation, plaide contre le candidat. Daudet plaisante en introduisant un tel personnage dans une circonstance qui n'a jamais requis sa présence. Et pourtant, il y aurait bon besoin de faire valoir des arguments contre Tistet Védène!
Saint-Agricol= Daudet provençalise le nom de Saint-Agricol, une jolie église d'Avignon dont Péladan parle dans un de ses romans (Les dévotes d'Avignon-1922)
le sire de Védène= titre burlesque qui mêle gloriole et dérision.
La mule du pape
Tout le haut clergé était là, les cardinaux en robes rouges, l'avocat du diable en velours noir, les abbés du couvent avec leurs petites mitres, les marguilliers de Saint-Agrico, les camails violets de la maîtrise, le bas clergé aussi, les soldats du pape en grand uniforme, les trois confréries de pénitents, les ermites du Mont Ventoux avec leurs mines farouches et le petit clerc qui va derrière en portant la clochette, les frères flagellants nus jusqu'à la ceinture, le sacristains fleuris en robes de juges, tous, tous, jusqu'aux donneurs d'eau bénite, et celui qui allume, et celui qui éteint...il n'y en avait pas un qui manquât... Ah! c'était une belle ordination! Des cloches, des pétards, du soleil, de la musique, et toujours ces enragés de tambourins qui menaient la danse, là-bas, sur le pont d' Avignon.
Quand Védène parut au milieu de l'assemblée, sa belle prestance et sa belle mine y firent courir un murmure d'admiration. C'était un magnifique Provençal, mais des blonds, avec de grands cheveux frisés au bout et une petite barbe follette qui semblait prise aux copeaux de fin métal tombé du burin de son père, le sculpteur d'or. Le bruit courait que dans cette barbe blonde les doigts de la reine Jeanne avaient quelquefois joué; et le sire de Védène avait bien, en effet, l'air glorieux et le regard distrait des hommes que les reines ont aimés...
avocat du diable= c'est celui, qui dans un procès en canonisation, plaide contre le candidat. Daudet plaisante en introduisant un tel personnage dans une circonstance qui n'a jamais requis sa présence. Et pourtant, il y aurait bon besoin de faire valoir des arguments contre Tistet Védène!
Saint-Agricol= Daudet provençalise le nom de Saint-Agricol, une jolie église d'Avignon dont Péladan parle dans un de ses romans (Les dévotes d'Avignon-1922)
le sire de Védène= titre burlesque qui mêle gloriole et dérision.
Dernière édition par Yves le Dim 23 Juil - 2:31, édité 2 fois