La neige en deuil d' Henri Troyat
Chapitre 7
Isaïe cligna des paupières. A quelques mètres, en contrebas, des taches sombres, aux contours indécis, crevaient, par endroits, la masse farineuse d'une courbe. C'était pitié de voir une si belle neige en deuil!
-L'avion! hurla Marcellin. C'est lui!.
Il voulut courir. Mais ses pieds enfonçaient dans la neige, malgré les raquettes. Avec des mouvements d'enlisé furieux, il levait haut les jambes, l'une après l'autre, trébuchait, se redressait, avançait encore. Isaïe était resté sur place, comme vidé subitement de tout réflexe et de toute pensée. Une horreur triste l'écrasait. Il avait honte pour lui-même et pour son frère. Enfin, il se mit à marcher, lourdement, vers les débris.
Il n'avait jamais vu un avion de près. Celui-ci était de dimensions énormes. Trop grand pour les hommes. Trop lourd pour le ciel. Déchiqueté, rompu, il gisait sur le ventre dans la neige, telle une bête blessée à mort. Le nez de l'appareil s'était aplati contre un butoir rocheux. L'une des ailes, arrachée, avait dû glisser le long de la pente. l'autre n'était plus qu'un moignon absurde, dressé, sans force, vers le ciel.
butoir=obstacle
moignon=partie restante d'un membre amputé- reste, petite partie d'un tout
Chapitre 7
Isaïe cligna des paupières. A quelques mètres, en contrebas, des taches sombres, aux contours indécis, crevaient, par endroits, la masse farineuse d'une courbe. C'était pitié de voir une si belle neige en deuil!
-L'avion! hurla Marcellin. C'est lui!.
Il voulut courir. Mais ses pieds enfonçaient dans la neige, malgré les raquettes. Avec des mouvements d'enlisé furieux, il levait haut les jambes, l'une après l'autre, trébuchait, se redressait, avançait encore. Isaïe était resté sur place, comme vidé subitement de tout réflexe et de toute pensée. Une horreur triste l'écrasait. Il avait honte pour lui-même et pour son frère. Enfin, il se mit à marcher, lourdement, vers les débris.
Il n'avait jamais vu un avion de près. Celui-ci était de dimensions énormes. Trop grand pour les hommes. Trop lourd pour le ciel. Déchiqueté, rompu, il gisait sur le ventre dans la neige, telle une bête blessée à mort. Le nez de l'appareil s'était aplati contre un butoir rocheux. L'une des ailes, arrachée, avait dû glisser le long de la pente. l'autre n'était plus qu'un moignon absurde, dressé, sans force, vers le ciel.
butoir=obstacle
moignon=partie restante d'un membre amputé- reste, petite partie d'un tout