L'ami retrouvé de Fred Uhlman
Chapitre 16
Mais lorsque j'arrivai au lycée un matin, j'entendis à travers la porte close de ma classe le bruit d'une violente discussion. Les Juifs, entendis-je, les Juifs." Ces mots étaient les seuls que je pusse distinguer, mais ils se répétaient en choeur et l'on ne pouvait se méprendre sur la passion avec laquelle ils étaient proférés.
J'ouvris la porte et la discussion cessa brusquement. Six ou sept garçons, debout, formaient un groupe. Ils me regardèrent fixement comme s'ils ne m'avaient jamais vu. Cinq d'entre eux gagnèrent leur place en traînant les pieds, mais deux autres, Bollacher, l'inventeur de "Castor et Pollack", qui me parlait à peine depuis un mois, et Schultz, un rustre agressif qui pesait bien soixante-seize kilos, fils d'un pauvre pasteur de village, destiné à suivre la voie de son père, me regardèrent droit dans les yeux. Bollacher ricana - cette sorte de ricanement supérieur et stupide qu'arborent certaines personnes lorsqu'elles voient un babouin au zoo - mais Schultz, se pinçant le nez comme s'il sentait une mauvaise odeur, me dévisagea d'un air provocant.
Chapitre 16
Mais lorsque j'arrivai au lycée un matin, j'entendis à travers la porte close de ma classe le bruit d'une violente discussion. Les Juifs, entendis-je, les Juifs." Ces mots étaient les seuls que je pusse distinguer, mais ils se répétaient en choeur et l'on ne pouvait se méprendre sur la passion avec laquelle ils étaient proférés.
J'ouvris la porte et la discussion cessa brusquement. Six ou sept garçons, debout, formaient un groupe. Ils me regardèrent fixement comme s'ils ne m'avaient jamais vu. Cinq d'entre eux gagnèrent leur place en traînant les pieds, mais deux autres, Bollacher, l'inventeur de "Castor et Pollack", qui me parlait à peine depuis un mois, et Schultz, un rustre agressif qui pesait bien soixante-seize kilos, fils d'un pauvre pasteur de village, destiné à suivre la voie de son père, me regardèrent droit dans les yeux. Bollacher ricana - cette sorte de ricanement supérieur et stupide qu'arborent certaines personnes lorsqu'elles voient un babouin au zoo - mais Schultz, se pinçant le nez comme s'il sentait une mauvaise odeur, me dévisagea d'un air provocant.