Le château de ma mère , el Pagnol
Chapitre 24
Le samedi suivant, à cinq heures, nous étions devant la première porte. Mon père l'ouvrit d'une main ferme: il était en paix avec sa conscience, car il ne franchissait point ce seuil interdit pour raccourcir une route trop longue, mais pour préserver de la ruine le précieux canal, et sauver Marseille de la sécheresse, qui eût été certainement suivie de la peste et du choléra morbus.
Cependant, il redoutait les gardes. C'est pourquoi, m'ayant déchargé de mes paquets, il me confia le rôle d'éclaireur.
Je marchais le premier, au ras de la haie, profitant de mon mieux de l'abri des feuillages.
Je parcourais une vingtaine de mètres, l'oeil aux aguets, l'oreille tendue. Puis je m'arrêtais, j'écoutais le silence... Enfin, je faisais signe à ma mère et à mon frère, qui attendaient à l'abri du plus gros buisson. Ils arrivaient alors en courant, et venaient se blottir derrière moi. Enfin paraissait mon père, un carnet à la main. Il fallait toujours l'attendre un moment, car il prenait fort gravement des notes.
Chapitre 24
Le samedi suivant, à cinq heures, nous étions devant la première porte. Mon père l'ouvrit d'une main ferme: il était en paix avec sa conscience, car il ne franchissait point ce seuil interdit pour raccourcir une route trop longue, mais pour préserver de la ruine le précieux canal, et sauver Marseille de la sécheresse, qui eût été certainement suivie de la peste et du choléra morbus.
Cependant, il redoutait les gardes. C'est pourquoi, m'ayant déchargé de mes paquets, il me confia le rôle d'éclaireur.
Je marchais le premier, au ras de la haie, profitant de mon mieux de l'abri des feuillages.
Je parcourais une vingtaine de mètres, l'oeil aux aguets, l'oreille tendue. Puis je m'arrêtais, j'écoutais le silence... Enfin, je faisais signe à ma mère et à mon frère, qui attendaient à l'abri du plus gros buisson. Ils arrivaient alors en courant, et venaient se blottir derrière moi. Enfin paraissait mon père, un carnet à la main. Il fallait toujours l'attendre un moment, car il prenait fort gravement des notes.