Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 24
Nous ne rencontrâmes personne, et le seul incident de l'inquiétante traversée fut fournie par mon frère Paul.
Ma mère remarqua qu'il gardait sa main droite sous son imperméable, à la manière de Napoléon.
"Tu t'es fait mal à la main?" lui dit-elle à voix basse.
Sans ouvrir la bouche, et sans la regarder, de la tête il répondit non.
"Sors ta main de là-dessous", dit elle encore.
Il obéit, et nous vîmes que ses petits doigts serraient fortement le manche du couteau pointu qu'il avait volé dans le tiroir de la cuisine.
"C'est pour le garde, dit-il froidement. S'il vient pour étrangler papa, moi je passe par-derrière, et je le tue dans les fesses."
Ma mère le félicita de sa bravoure, puis elle ajouta:
"Tu es encore bien petit: donne-le moi."
Il rendit son arme de bonne grâce, avec un conseil judicieux.
"Toi, tu es grande, pique-le dans l'oeil."
Chapitre 24
Nous ne rencontrâmes personne, et le seul incident de l'inquiétante traversée fut fournie par mon frère Paul.
Ma mère remarqua qu'il gardait sa main droite sous son imperméable, à la manière de Napoléon.
"Tu t'es fait mal à la main?" lui dit-elle à voix basse.
Sans ouvrir la bouche, et sans la regarder, de la tête il répondit non.
"Sors ta main de là-dessous", dit elle encore.
Il obéit, et nous vîmes que ses petits doigts serraient fortement le manche du couteau pointu qu'il avait volé dans le tiroir de la cuisine.
"C'est pour le garde, dit-il froidement. S'il vient pour étrangler papa, moi je passe par-derrière, et je le tue dans les fesses."
Ma mère le félicita de sa bravoure, puis elle ajouta:
"Tu es encore bien petit: donne-le moi."
Il rendit son arme de bonne grâce, avec un conseil judicieux.
"Toi, tu es grande, pique-le dans l'oeil."