Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Le curé de Cucugnan
"Voyez-vous, mes enfants, quand le blé est mûr, il faut le couper; quand le vin est tiré, il faut le boire. Voilà assez de linge sale, il s'agit de le laver, et de le bien laver.
C'est la grâce que je vous souhaite. Amen!"
Ce qui fut dit fut fait. On coula la lessive.
Depuis ce dimanche mémorable, le parfum des vertus de Cucugnan se respire à dix lieues alentour.
Et le bon pasteur M. Martin, heureux et plein d'allégresse, a rêvé l'autre nuit que, suivi de tout son troupeau, il gravissait, en resplendissante procession, au milieu des cierges allumés, d'un nuage d'encens qui embaumait et des enfants de choeur qui chantaient le Te Deum, le chemin éclairé de la cité de Dieu.
Et voilà l'histoire du curé de Cucugnan, telle que m'a ordonné de vous la dire ce grand gueusard de Roumanille, qui la tenait lui-même d'un autre bon compagnon.
Joseph Roumanille (1818-1891) fut un des artisans de la renaissance de la langue littéraire provençale, dont il contribua à fixer l'orthographe moderne. Imprimeur par métier et poète par vocation, il participa à la fondation du félibrige (1854). Ami de Daudet et de Mistral, il succéda à ce dernier en 1884 comme capoulié, président du félibrige. On lui doit des poèmes et des contes en provençal ainsi que la publication d'un recueil collectif, l' Armana prouvençau, que Daudet cite souvent.
Le curé de Cucugnan
"Voyez-vous, mes enfants, quand le blé est mûr, il faut le couper; quand le vin est tiré, il faut le boire. Voilà assez de linge sale, il s'agit de le laver, et de le bien laver.
C'est la grâce que je vous souhaite. Amen!"
Ce qui fut dit fut fait. On coula la lessive.
Depuis ce dimanche mémorable, le parfum des vertus de Cucugnan se respire à dix lieues alentour.
Et le bon pasteur M. Martin, heureux et plein d'allégresse, a rêvé l'autre nuit que, suivi de tout son troupeau, il gravissait, en resplendissante procession, au milieu des cierges allumés, d'un nuage d'encens qui embaumait et des enfants de choeur qui chantaient le Te Deum, le chemin éclairé de la cité de Dieu.
Et voilà l'histoire du curé de Cucugnan, telle que m'a ordonné de vous la dire ce grand gueusard de Roumanille, qui la tenait lui-même d'un autre bon compagnon.
Joseph Roumanille (1818-1891) fut un des artisans de la renaissance de la langue littéraire provençale, dont il contribua à fixer l'orthographe moderne. Imprimeur par métier et poète par vocation, il participa à la fondation du félibrige (1854). Ami de Daudet et de Mistral, il succéda à ce dernier en 1884 comme capoulié, président du félibrige. On lui doit des poèmes et des contes en provençal ainsi que la publication d'un recueil collectif, l' Armana prouvençau, que Daudet cite souvent.