Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Les trois messes basses,
C'étaient des familles de métayers qui venaient entendre la messe de minuit au château. Il grimpaient la côte en chantant par groupes de cinq ou six, le père en avant, la lanterne en main, les femmes enveloppées dans leurs grandes mantes brunes où les enfants se serraient et s'abritaient. Malgré l'heure et le froid, tout ce brave peuple marchait allègrement, soutenu par l'idée qu'au sortir de la messe il y aurait, comme tous les ans, table mise pour eux en bas dans les cuisines. De temps en temps, sur la rude montée, le carrosse d'un seigneur, précédé de porteurs de torches, faisait miroiter ses glaces au clair de lune, ou bien une mule trottait en agitant ses sonnailles, et, à la lueur des falots enveloppés de brume,, les métayers reconnaissaient leur bailli et le saluaient au passage:
"Bonsoir, bonsoir, maître Arnoton!
-Bonsoir, bonsoir, mes enfants!"
Les trois messes basses,
C'étaient des familles de métayers qui venaient entendre la messe de minuit au château. Il grimpaient la côte en chantant par groupes de cinq ou six, le père en avant, la lanterne en main, les femmes enveloppées dans leurs grandes mantes brunes où les enfants se serraient et s'abritaient. Malgré l'heure et le froid, tout ce brave peuple marchait allègrement, soutenu par l'idée qu'au sortir de la messe il y aurait, comme tous les ans, table mise pour eux en bas dans les cuisines. De temps en temps, sur la rude montée, le carrosse d'un seigneur, précédé de porteurs de torches, faisait miroiter ses glaces au clair de lune, ou bien une mule trottait en agitant ses sonnailles, et, à la lueur des falots enveloppés de brume,, les métayers reconnaissaient leur bailli et le saluaient au passage:
"Bonsoir, bonsoir, maître Arnoton!
-Bonsoir, bonsoir, mes enfants!"