Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Les deux auberges,
Le voisinage de ces deux auberges avait quelque chose de saisissant. D'un côté, un grand bâtiment neuf, plein de vie, d'animation, toutes les portes ouvertes, la diligence arrêtée devant, ,les chevaux fumants qu'on dételait, les voyageurs descendus buvant à la hâte sur la route dans l'ombre courte des murs: la tour encombrée de mulets, de charrettes; des rouliers couchés sous les hangars en attendant la fraîche. A l'intérieur, des cris, des jurons, des coups de poing sur les tables, le choc des verres, le fracas des billards, les bouchons de limonade qui sautaient, et dominant tout ce tumulte, une voix joyeuse, éclatante, qui chantait à faire trembler les vitres:
"La belle Margoton
Tant matin s'est levée,
A pris son broc d'argent,
A l'eau s'en est allée."
Les deux auberges,
Le voisinage de ces deux auberges avait quelque chose de saisissant. D'un côté, un grand bâtiment neuf, plein de vie, d'animation, toutes les portes ouvertes, la diligence arrêtée devant, ,les chevaux fumants qu'on dételait, les voyageurs descendus buvant à la hâte sur la route dans l'ombre courte des murs: la tour encombrée de mulets, de charrettes; des rouliers couchés sous les hangars en attendant la fraîche. A l'intérieur, des cris, des jurons, des coups de poing sur les tables, le choc des verres, le fracas des billards, les bouchons de limonade qui sautaient, et dominant tout ce tumulte, une voix joyeuse, éclatante, qui chantait à faire trembler les vitres:
"La belle Margoton
Tant matin s'est levée,
A pris son broc d'argent,
A l'eau s'en est allée."