Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
En Camargue
A l'espère ( A l'affût)
Quelquefois on tient l'affût dans le negochin (le noye-chien), un tout petit bateau sans quille, étroit, roulant au moindre mouvement. Abrité par les roseaux, le chasseur guette les canards du fond de sa barque, que dépassent seulement la visière d'une casquette, le canon du fusil et la tête du chien flairant le vent, happant les moustiques, ou bien de ses grosses pattes étendues penchant tout le bateau d'un côté et le remplissant d'eau. Cet affût-là est trop compliqué pour mon expérience. Aussi, le plus souvent, je vais à l'espère à pied, barbotant en plein marécage avec d'énormes bottes taillées dans toute la longueur du cuir. Je marche lentement, prudemment, de peur de m'envaser. J'écarte les roseaux pleins d'odeurs saumâtres et de sauts de grenouilles...
noye-chien ou noie-chien= barque rustique fait de trois planches qui servait à l'origine à la pêche en Provence et à la chasse à l'affût. Le mot vient du provençal segar=noyer et chin=chien, à cause du danger que l'on court de se noyer en montant dessus.
En Camargue
A l'espère ( A l'affût)
Quelquefois on tient l'affût dans le negochin (le noye-chien), un tout petit bateau sans quille, étroit, roulant au moindre mouvement. Abrité par les roseaux, le chasseur guette les canards du fond de sa barque, que dépassent seulement la visière d'une casquette, le canon du fusil et la tête du chien flairant le vent, happant les moustiques, ou bien de ses grosses pattes étendues penchant tout le bateau d'un côté et le remplissant d'eau. Cet affût-là est trop compliqué pour mon expérience. Aussi, le plus souvent, je vais à l'espère à pied, barbotant en plein marécage avec d'énormes bottes taillées dans toute la longueur du cuir. Je marche lentement, prudemment, de peur de m'envaser. J'écarte les roseaux pleins d'odeurs saumâtres et de sauts de grenouilles...
noye-chien ou noie-chien= barque rustique fait de trois planches qui servait à l'origine à la pêche en Provence et à la chasse à l'affût. Le mot vient du provençal segar=noyer et chin=chien, à cause du danger que l'on court de se noyer en montant dessus.