Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Le poète Mistral
Pendant qu'il me parlait, je regardais avec émotion ce petit salon à tapisserie claire, que je n'avais pas vu depuis si longtemps, et où j'ai passé déjà de si belles heures. Rien n'était changé. Toujours le canapé à carreaux jaunes, les deux fauteuils de paille, la Vénus sans bras et la Vénus d' Arles sur la cheminée, le portrait du poète par Hébert, sa photographie par Etienne Carjat, et, dans un coin, près de la fenêtre, le bureau - un pauvre petit bureau de receveur d'enregistrement - tout chargé de vieux bouquins et de dictionnaires. Au milieu de ce bureau, j'aperçus un gros cahier ouvert. C'était Calendal, le nouveau poème de Frédéric Mistral, qui doit paraître à la fin de cette année, le jour de Noël. Ce poème, Mistral y travaille depuis sept ans, et voilà près de six mois qu'il en a écrit le dernier vers; pourtant il n'ose s'en séparer encore.
Ernest Hébert (1817-1908) était célèbre pour ses portraits. Il exécuta celui de Mistral en 1864, sans doute l'année même où Etienne Carjat (1828-1906), l'un des plus célèbres photographes du temps, ami des bohèmes littéraires des années 1860, prit de l'auteur de Mireille une photographie souvent reproduite.
Le poète Mistral
Pendant qu'il me parlait, je regardais avec émotion ce petit salon à tapisserie claire, que je n'avais pas vu depuis si longtemps, et où j'ai passé déjà de si belles heures. Rien n'était changé. Toujours le canapé à carreaux jaunes, les deux fauteuils de paille, la Vénus sans bras et la Vénus d' Arles sur la cheminée, le portrait du poète par Hébert, sa photographie par Etienne Carjat, et, dans un coin, près de la fenêtre, le bureau - un pauvre petit bureau de receveur d'enregistrement - tout chargé de vieux bouquins et de dictionnaires. Au milieu de ce bureau, j'aperçus un gros cahier ouvert. C'était Calendal, le nouveau poème de Frédéric Mistral, qui doit paraître à la fin de cette année, le jour de Noël. Ce poème, Mistral y travaille depuis sept ans, et voilà près de six mois qu'il en a écrit le dernier vers; pourtant il n'ose s'en séparer encore.
Ernest Hébert (1817-1908) était célèbre pour ses portraits. Il exécuta celui de Mistral en 1864, sans doute l'année même où Etienne Carjat (1828-1906), l'un des plus célèbres photographes du temps, ami des bohèmes littéraires des années 1860, prit de l'auteur de Mireille une photographie souvent reproduite.