La neige en deuil d' Henri Troyat
Chapitre 3
(-On ne peut pas vendre la maison, dit-il.)
-Pourquoi?
-Nous y sommes nés, toi et moi, et le père y est né, et le père du père...
-Justement, dit Marcellin. Leur vie nous prouve que, même en travaillant comme des forçats, on n'amasse pas de gain, à la fin de sa peine, dans ce chien de pays. Quant à la maison, regarde-la, que lui trouves-tu de beau?
-Elle est la maison, dit Isaïe.
En vérité, il n'eût pas été plus surpris si Marcellin lui avait demandé de se trancher le bras ou la jambe. La maison tenait de sa chair. Il n'était rien sans elle et elle n'était rien sans lui. Marcellin fit un pas en avant. La lumière de la fenêtre éclaira son visage. Il n'y avait pas de colère dans ses yeux.
-Je sais, dit-il, moi aussi je suis un peu chagrin à l'idée de la quitter.Mais, si on veut avancer, il faut se débarrasser des poids morts.
-La maison n'est pas un poids mort, dit Isaïe.
-Si, puisqu'elle ne rapporte rien.
-Et où irai-je habiter, si nous n'avons plus la maison?
-Dans une autre maison.
-Avec toi?
-Non, moi, je te l'ai déjà dit, je m'installerai en ville.
Chapitre 3
(-On ne peut pas vendre la maison, dit-il.)
-Pourquoi?
-Nous y sommes nés, toi et moi, et le père y est né, et le père du père...
-Justement, dit Marcellin. Leur vie nous prouve que, même en travaillant comme des forçats, on n'amasse pas de gain, à la fin de sa peine, dans ce chien de pays. Quant à la maison, regarde-la, que lui trouves-tu de beau?
-Elle est la maison, dit Isaïe.
En vérité, il n'eût pas été plus surpris si Marcellin lui avait demandé de se trancher le bras ou la jambe. La maison tenait de sa chair. Il n'était rien sans elle et elle n'était rien sans lui. Marcellin fit un pas en avant. La lumière de la fenêtre éclaira son visage. Il n'y avait pas de colère dans ses yeux.
-Je sais, dit-il, moi aussi je suis un peu chagrin à l'idée de la quitter.Mais, si on veut avancer, il faut se débarrasser des poids morts.
-La maison n'est pas un poids mort, dit Isaïe.
-Si, puisqu'elle ne rapporte rien.
-Et où irai-je habiter, si nous n'avons plus la maison?
-Dans une autre maison.
-Avec toi?
-Non, moi, je te l'ai déjà dit, je m'installerai en ville.