La neige en deuil d' Henri Troyat
Chapitre 3
Au lieu de répondre, Marcellin vida son verre et s'essuya la bouche avec le revers de la manche.
-Si tu mettais la radio, Joseph? demanda-t-il.
-Ce n'est pas encore l'heure des informations, dit Joseph. Dans cinq minutes.
Il avait posé la main sur son poste de T.S.F., le seul de la commune. Tous les regards se tournèrent avec respect vers la petite caisse de bois marron, ornée de boutons en ébonite. Mystérieuse et opaque, elle trônait, près de la cheminée, sur une planchette clouée au mur. Des lambeaux de suie pendaient le long du fil d'antenne.
-De toute façon, on ne saura rien encore, dit le maire.
-Viens, Marcellin, dit Isaïe. Qu'est-ce que ça peut te faire cet avion? Viens chez nous. On a trop à se dire...
-Je me fous de l'avion, grogna Marcellin sans desserrer les dents. Mais ici, au moins, je ne suis pas seul avec toi. Et ça me soulage...
-Isaïe baissa les paupières. Il lui sembla que du brouillard entrait dans ses poumons, dans sa tête.
Chapitre 3
Au lieu de répondre, Marcellin vida son verre et s'essuya la bouche avec le revers de la manche.
-Si tu mettais la radio, Joseph? demanda-t-il.
-Ce n'est pas encore l'heure des informations, dit Joseph. Dans cinq minutes.
Il avait posé la main sur son poste de T.S.F., le seul de la commune. Tous les regards se tournèrent avec respect vers la petite caisse de bois marron, ornée de boutons en ébonite. Mystérieuse et opaque, elle trônait, près de la cheminée, sur une planchette clouée au mur. Des lambeaux de suie pendaient le long du fil d'antenne.
-De toute façon, on ne saura rien encore, dit le maire.
-Viens, Marcellin, dit Isaïe. Qu'est-ce que ça peut te faire cet avion? Viens chez nous. On a trop à se dire...
-Je me fous de l'avion, grogna Marcellin sans desserrer les dents. Mais ici, au moins, je ne suis pas seul avec toi. Et ça me soulage...
-Isaïe baissa les paupières. Il lui sembla que du brouillard entrait dans ses poumons, dans sa tête.