La neige en deuil d' Henri Troyat
Chapitre 4
-On pourrait le prendre.
-Le prendre à des morts?
-Cela vaut mieux que de le prendre à des vivants.
-Non, Marcellin.
-Les morts n'ont pas besoin d'argent. Pour acheter quoi? Pour payer quoi? Leurs billets de banque, c'est la neige qui les mouille, qui les avale, qui les détruit. Et nous laissons périr cette fortune! A supposer même que ce soit de l'argent étranger, on peut le récupérer, le changer. Et les bijoux...
-Je ne sais pas, Marcellin. Tu as sans doute raison, mais ça ne m'a pas l'air honnête.
-Et si Servoz avait empoché l'argent, tu aurais trouvé ça honnête?
-Il n'y alllait pas pour empocher l'argent, Servoz.
-Au cas que ne nous le fassions pas, un autre le fera.
-Ce sera son affaire. Un mort n'a plus de défense. On n'a le droit de le toucher que pour le laver et le porter en terre. Voilà comment je pense.
-Tu penses mal. Personne ne pourrait nous en vouloir, puisque cet argent n'appartient à personne...
-Faut le laisser là-bas.
Chapitre 4
-On pourrait le prendre.
-Le prendre à des morts?
-Cela vaut mieux que de le prendre à des vivants.
-Non, Marcellin.
-Les morts n'ont pas besoin d'argent. Pour acheter quoi? Pour payer quoi? Leurs billets de banque, c'est la neige qui les mouille, qui les avale, qui les détruit. Et nous laissons périr cette fortune! A supposer même que ce soit de l'argent étranger, on peut le récupérer, le changer. Et les bijoux...
-Je ne sais pas, Marcellin. Tu as sans doute raison, mais ça ne m'a pas l'air honnête.
-Et si Servoz avait empoché l'argent, tu aurais trouvé ça honnête?
-Il n'y alllait pas pour empocher l'argent, Servoz.
-Au cas que ne nous le fassions pas, un autre le fera.
-Ce sera son affaire. Un mort n'a plus de défense. On n'a le droit de le toucher que pour le laver et le porter en terre. Voilà comment je pense.
-Tu penses mal. Personne ne pourrait nous en vouloir, puisque cet argent n'appartient à personne...
-Faut le laisser là-bas.