Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Il avait retendu le piège, et il le replaça au pied de la stèle.
Très vivement intéressé, je regardai l'opération, et j'en notai tous les détails. Il se releva enfin, et me demanda:
"Qui es-tu?"
Pour me donner confiance, il ajouta:
"Moi, je suis Lili, des Bellons.
-Moi aussi, dis-je, je suis des Bellons."
Il se mit à rire:
"Oh! que non, tu n'es pas des Bellons. Tu es de la ville. C'est pas toi? Marcel?
-Oui, dis-je, flatté. Tu me connais?
-Je t'avais jamais vu, dit-il. Mais c'est mon père qui vous a porté les meubles. Ca fait qu'il m'a parlé de toi. Ton père, c'est le calibre douze, celui des bartavelles?"
Je fus ému de fierté.
"Oui, dis-je. C'est lui.
-Tu me raconteras?
-Quoi?
-Les bartavelles. Tu me diras où c'était, comment il a fait, et tout le reste?
-Oh! oui...
-Tout à l'heure, dit-il, quand j'aurai fini ma tournée... Quel âge tu as?
-Neuf ans.
-Moi, j'ai huit ans, dit-il. Tu mets des pièges?
-Non. Je ne saurais pas.
-Si tu veux, je t'apprendrai.
-Oh oui! dis-je avec enthousiasme.
-Viens: je fais la tournée des miens.
-Je ne peux pas maintenant. Je fais la battue pour mon père et mon oncle: ils sont cachés en bas du vallon. Il faut que je leur envoie les perdreaux.
-Les perdreaux, ca sera pas aujourd'hui... Ici, d'habitude, il y en a trois compagnies. Mais ce matin, les bûcherons sont passés et ils leur ont fait peur. Deux compagnies sont parties vers la Garette, et la troisième est descendue sur Passe-Temps...
Il avait retendu le piège, et il le replaça au pied de la stèle.
Très vivement intéressé, je regardai l'opération, et j'en notai tous les détails. Il se releva enfin, et me demanda:
"Qui es-tu?"
Pour me donner confiance, il ajouta:
"Moi, je suis Lili, des Bellons.
-Moi aussi, dis-je, je suis des Bellons."
Il se mit à rire:
"Oh! que non, tu n'es pas des Bellons. Tu es de la ville. C'est pas toi? Marcel?
-Oui, dis-je, flatté. Tu me connais?
-Je t'avais jamais vu, dit-il. Mais c'est mon père qui vous a porté les meubles. Ca fait qu'il m'a parlé de toi. Ton père, c'est le calibre douze, celui des bartavelles?"
Je fus ému de fierté.
"Oui, dis-je. C'est lui.
-Tu me raconteras?
-Quoi?
-Les bartavelles. Tu me diras où c'était, comment il a fait, et tout le reste?
-Oh! oui...
-Tout à l'heure, dit-il, quand j'aurai fini ma tournée... Quel âge tu as?
-Neuf ans.
-Moi, j'ai huit ans, dit-il. Tu mets des pièges?
-Non. Je ne saurais pas.
-Si tu veux, je t'apprendrai.
-Oh oui! dis-je avec enthousiasme.
-Viens: je fais la tournée des miens.
-Je ne peux pas maintenant. Je fais la battue pour mon père et mon oncle: ils sont cachés en bas du vallon. Il faut que je leur envoie les perdreaux.
-Les perdreaux, ca sera pas aujourd'hui... Ici, d'habitude, il y en a trois compagnies. Mais ce matin, les bûcherons sont passés et ils leur ont fait peur. Deux compagnies sont parties vers la Garette, et la troisième est descendue sur Passe-Temps...
Dernière édition par Yves le Lun 26 Oct - 4:41, édité 1 fois