Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 12
Cette histoire était absurde, et je décidai de ne pas y croire: je fis donc appel à quelques-uns des mots favoris de mon père.
"Franchement, dis-je, je te trouve bien bête de me raconter ces préjugés, qui sont de la superstition. Le fantôme, c'est l'imagination du peuple. Et les signes de croix c'est l'obscurantise! (obscurantisme)
-Ho ho! dit-il, les signes de croix, pour les fantômes, c'est radical! Ca, alors, personne ne peut dire le contraire! Tout le monde te dira que ça les coupe en deux."
Je ricanai - assez faiblement - et je demandai:
"Et toi, naturellement, les signes de croix, tu sais les faire?
-Bien sûr! dit-il.
-Et comment c'est, cette pantomime?"
Il se signa solennellement plusieurs fois. Je l'imitai aussitôt, en ricanant. Alors un bourdonnement surgit de la nuit, et je reçus un choc léger, mais très sec, au milieu du front. Je ne pus retenir un faible cri. Lili se baissa et ramassa quelque chose.
"C'est un capricorne, dit-il."
Il l'écrasa sous son talon et se remit en marche. Je le suivis, en regardant derrière moi de temps à autre.
Sous la 3ème République, dans la deuxième partie du 19ème siècle et plus tard au début du 20ème siècle, l'enseignement devient une affaire publique et laïque. Surtout dans le primaire, avec l'argument que l'éducation, la morale, l'instruction sont essentielles pour tout enfant, futur travailleur et citoyen. Jules Ferry est l'homme important de cette réforme et une phalange d'instituteurs est formée et chargée de transmettre le savoir, le certificat d'études primaires devenant le diplôme indispensable. (quand j'étais à l'école primaire, et pourtant je suis né en 1939, cinq fautes d'orthographe en dictée éliminaient le candidat!) C'était un enseignement gratuit pour tous, essentiellement mémoriel et répétitif, mais efficace, limité aux matières essentielles, savoir lire, écrire et compter. Ces instituteurs avaient la foi laïque et il ne faut pas oublier que la séparation de l'église et de l'état date de 1905. Donc, une hostilité systématique face à la religion et aux superstitions. Tel est le père de Marcel.
Chapitre 12
Cette histoire était absurde, et je décidai de ne pas y croire: je fis donc appel à quelques-uns des mots favoris de mon père.
"Franchement, dis-je, je te trouve bien bête de me raconter ces préjugés, qui sont de la superstition. Le fantôme, c'est l'imagination du peuple. Et les signes de croix c'est l'obscurantise! (obscurantisme)
-Ho ho! dit-il, les signes de croix, pour les fantômes, c'est radical! Ca, alors, personne ne peut dire le contraire! Tout le monde te dira que ça les coupe en deux."
Je ricanai - assez faiblement - et je demandai:
"Et toi, naturellement, les signes de croix, tu sais les faire?
-Bien sûr! dit-il.
-Et comment c'est, cette pantomime?"
Il se signa solennellement plusieurs fois. Je l'imitai aussitôt, en ricanant. Alors un bourdonnement surgit de la nuit, et je reçus un choc léger, mais très sec, au milieu du front. Je ne pus retenir un faible cri. Lili se baissa et ramassa quelque chose.
"C'est un capricorne, dit-il."
Il l'écrasa sous son talon et se remit en marche. Je le suivis, en regardant derrière moi de temps à autre.
Sous la 3ème République, dans la deuxième partie du 19ème siècle et plus tard au début du 20ème siècle, l'enseignement devient une affaire publique et laïque. Surtout dans le primaire, avec l'argument que l'éducation, la morale, l'instruction sont essentielles pour tout enfant, futur travailleur et citoyen. Jules Ferry est l'homme important de cette réforme et une phalange d'instituteurs est formée et chargée de transmettre le savoir, le certificat d'études primaires devenant le diplôme indispensable. (quand j'étais à l'école primaire, et pourtant je suis né en 1939, cinq fautes d'orthographe en dictée éliminaient le candidat!) C'était un enseignement gratuit pour tous, essentiellement mémoriel et répétitif, mais efficace, limité aux matières essentielles, savoir lire, écrire et compter. Ces instituteurs avaient la foi laïque et il ne faut pas oublier que la séparation de l'église et de l'état date de 1905. Donc, une hostilité systématique face à la religion et aux superstitions. Tel est le père de Marcel.
Dernière édition par Yves le Mer 30 Juin - 6:30, édité 1 fois