Le temps des secrets de Marcel Pagnol
"Ces choses-là, on les imprime dans les journaux. Je peux vous le garantir, parce que mon père est dans un journal qui s'appelle "Le Petit Marseillais".
-Justement, mon oncle le lit tous les jours, à cause de la politique.
-Oh! dit-elle - un peu méprisante - la politique, mon père ne s'en occupe pas! Il est bien plus que ça!
-C'est le directeur?
-Oh! bien plus! C'est lui qui corrige les articles de tous les autres! Mais oui! Et, de plus, il fait des poésies, qui sont imprimées dans des revues à Paris.
-Des poésies avec des rimes?
-Oui, monsieur, parfaitement. Des rimes, il en a trouvé des milliers. Il les cherche dans le tramway."
J'avais appris des poésies, à l'école, et j'avais toujours été surpris par la rime, qui arrive à l'improviste au bout d'une ligne: je pensais que les poètes, capables d'un pareil tour de force, étaient extraordinairement rares, et qu'ils figuraient tous, sans exception, dans mon livre de classe.
"Ces choses-là, on les imprime dans les journaux. Je peux vous le garantir, parce que mon père est dans un journal qui s'appelle "Le Petit Marseillais".
-Justement, mon oncle le lit tous les jours, à cause de la politique.
-Oh! dit-elle - un peu méprisante - la politique, mon père ne s'en occupe pas! Il est bien plus que ça!
-C'est le directeur?
-Oh! bien plus! C'est lui qui corrige les articles de tous les autres! Mais oui! Et, de plus, il fait des poésies, qui sont imprimées dans des revues à Paris.
-Des poésies avec des rimes?
-Oui, monsieur, parfaitement. Des rimes, il en a trouvé des milliers. Il les cherche dans le tramway."
J'avais appris des poésies, à l'école, et j'avais toujours été surpris par la rime, qui arrive à l'improviste au bout d'une ligne: je pensais que les poètes, capables d'un pareil tour de force, étaient extraordinairement rares, et qu'ils figuraient tous, sans exception, dans mon livre de classe.