Le temps des secrets de Marcel Pagnol
Chapitre 13
A ma grande surprise, elle me fit asseoir sur le sol, tout contre le flanc du piano, et m'ordonna d'appliquer mon oreille sur la noire paroi d'ébène: ce que je fis docilement. J'attendis, déjà extasié.
A cette époque, le phonographe était encore un appareil magique, réservé aux seuls millionnaires, et la radio n'existait pas.
Pour écouter de la vraie musique, il fallait aller au concert ou à l'opéra, et le prix d'une place, en ces lieux sacrés, atteignait un demi-louis d'or.
Jusque-là, je n'avais donc entendu rien d'autre que la musique militaire du dimanche (dont le triomphe était Poète et Paysan), la guitare des chanteurs des rues, les gammes lointaines d'une voisine inconnue, et les sons charmants, mais filiformes, de la petite flûte de mon père.
Tout neuf et brûlant de curiosité, je fermai les yeux.
Chapitre 13
A ma grande surprise, elle me fit asseoir sur le sol, tout contre le flanc du piano, et m'ordonna d'appliquer mon oreille sur la noire paroi d'ébène: ce que je fis docilement. J'attendis, déjà extasié.
A cette époque, le phonographe était encore un appareil magique, réservé aux seuls millionnaires, et la radio n'existait pas.
Pour écouter de la vraie musique, il fallait aller au concert ou à l'opéra, et le prix d'une place, en ces lieux sacrés, atteignait un demi-louis d'or.
Jusque-là, je n'avais donc entendu rien d'autre que la musique militaire du dimanche (dont le triomphe était Poète et Paysan), la guitare des chanteurs des rues, les gammes lointaines d'une voisine inconnue, et les sons charmants, mais filiformes, de la petite flûte de mon père.
Tout neuf et brûlant de curiosité, je fermai les yeux.