Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
La mule du pape
Puis, le flacon vidé, le jour tombant, il rentrait joyeusement à la ville, suivi de tout son chapitre; et lorsqu'il passait au milieu des tambours et des farandoles, sa mule, mise en train par la musique, prenait un petit amble sautillant, tandis que lui-même il marquait le pas de la danse avec sa barrette, ce qui scandalisait fort ses cardinaux, mais faisait dire à tout le peuple;" Ah! le bon prince! Ah! le brave pape!"
Après sa vigne de Châteauneuf, ce que le pape aimait le plus au monde, c'était sa mule. Le bonhomme en raffolait de cette bête -là. Tous les soirs avant de se coucher, il allait voir si son écurie était bien fermée, si rien ne manquait dans sa mangeoire, et jamais il ne se serait levé de table sans faire préparer sous ses yeux un grand bol de vin à la française, avec beaucoup de sucre et d'aromates, qu'il allait porter lui-même, malgré les observations de ses cardinaux... Il faut dire aussi que la bête en valait la peine. C'était une belle mule noire mouchetée de rouge, le pied sûr, le poil luisant, la croupe large et pleine, portant fièrement sa petite tête sèche toute harnachée de pompons, de noeuds, de grelots d'argent, de bouffettes; avec cela douce comme un ange, l'oeil naïf, et deux longue oreilles toujours en branle, qui lui donnaient l'air bon enfant.
Roger Ripoli (Oeuvres de Daudet, Bibl. de la Pléiade) souligne la fantaisie de l'écrivain en rappelant qu'il n'est nul besoin de traverser le Rhône pour aller de Châteauneuf à Avignon: les deux villes sont sur la rive gauche du fleuve.
vin à la française=ce breuvage est composé d'un vin rouge chaud additionné de diverses aromates, dont la cannelle.
La mule du pape
Puis, le flacon vidé, le jour tombant, il rentrait joyeusement à la ville, suivi de tout son chapitre; et lorsqu'il passait au milieu des tambours et des farandoles, sa mule, mise en train par la musique, prenait un petit amble sautillant, tandis que lui-même il marquait le pas de la danse avec sa barrette, ce qui scandalisait fort ses cardinaux, mais faisait dire à tout le peuple;" Ah! le bon prince! Ah! le brave pape!"
Après sa vigne de Châteauneuf, ce que le pape aimait le plus au monde, c'était sa mule. Le bonhomme en raffolait de cette bête -là. Tous les soirs avant de se coucher, il allait voir si son écurie était bien fermée, si rien ne manquait dans sa mangeoire, et jamais il ne se serait levé de table sans faire préparer sous ses yeux un grand bol de vin à la française, avec beaucoup de sucre et d'aromates, qu'il allait porter lui-même, malgré les observations de ses cardinaux... Il faut dire aussi que la bête en valait la peine. C'était une belle mule noire mouchetée de rouge, le pied sûr, le poil luisant, la croupe large et pleine, portant fièrement sa petite tête sèche toute harnachée de pompons, de noeuds, de grelots d'argent, de bouffettes; avec cela douce comme un ange, l'oeil naïf, et deux longue oreilles toujours en branle, qui lui donnaient l'air bon enfant.
Roger Ripoli (Oeuvres de Daudet, Bibl. de la Pléiade) souligne la fantaisie de l'écrivain en rappelant qu'il n'est nul besoin de traverser le Rhône pour aller de Châteauneuf à Avignon: les deux villes sont sur la rive gauche du fleuve.
vin à la française=ce breuvage est composé d'un vin rouge chaud additionné de diverses aromates, dont la cannelle.
Dernière édition par Yves le Lun 3 Juil - 3:18, édité 1 fois