Le château de ma mère de Marcel Pagnol
Chapitre 26
Alors, il poussait la porte d'une main prudente, et comme s'il craignait une explosion. Quand elle était entrebâillée, il plongeait sa tête dans l'ouverture, et il écoutait, il explorait du regard les terres interdites. Enfin, il entrait. Nous le suivions en silence, et il refermait la porte sans bruit. Le plus dur restait à faire.
Pourtant, nous n'avions jamais rencontré personne, mais le chien malade nous hantait.
Je pensais:" Il doit être enragé, parce que les chiens n'ont pas d'autre maladie." Paul me disait:
"Moi, je n'ai pas peur. Regarde!"
Il me montrait une poignée de morceaux de sucre, qu'il se proposait de lancer au monstre, afin de l'occuper pendant que papa étranglerait le garde. Il m'en parla avec beaucoup d'assurance, mais il marchait sur la pointe des pieds. Ma mère, par instants, s'arrêtait toute pâle, le nez pincé, la main sur son coeur.
Chapitre 26
Alors, il poussait la porte d'une main prudente, et comme s'il craignait une explosion. Quand elle était entrebâillée, il plongeait sa tête dans l'ouverture, et il écoutait, il explorait du regard les terres interdites. Enfin, il entrait. Nous le suivions en silence, et il refermait la porte sans bruit. Le plus dur restait à faire.
Pourtant, nous n'avions jamais rencontré personne, mais le chien malade nous hantait.
Je pensais:" Il doit être enragé, parce que les chiens n'ont pas d'autre maladie." Paul me disait:
"Moi, je n'ai pas peur. Regarde!"
Il me montrait une poignée de morceaux de sucre, qu'il se proposait de lancer au monstre, afin de l'occuper pendant que papa étranglerait le garde. Il m'en parla avec beaucoup d'assurance, mais il marchait sur la pointe des pieds. Ma mère, par instants, s'arrêtait toute pâle, le nez pincé, la main sur son coeur.