Le temps des secrets de Marcel Pagnol
Chapitre 1
Il se tourna vers Lili.
"Les gens de la ville, ça les étonne toujours que nous mangions les zérissons. Et pourtant, eux, ils mangent bien des oursins!"
Après cette réplique triomphale, il parut méditer un instant, et ajouta tout à coup:
"Et même, à ce qu'il paraît, qu'il y a des saligauds qui mangent des grenouilles!"
Il ouvrit largement sa bouche, et referma lentement les mâchoires, comme pour faire éclater un batracien entre ses dents.
"Oh! s'écria Lili, avec une douloureuse grimace, ne parle pas de ça, tu me donnes mal au coeur!"
François se leva.
"Qu'est-ce que tu veux, dit-il sur un ton philosophique, on a bien raison de dire que tous les goûts sont dans la nature; et moi, mon goût, c'est l'hérisson. Allez, zou! Au travail!"
Il reprit sa faux. Lili le râteau; je fus chargé de glaner derrière eux, et de faire de petits bouquets d'une dizaine d'épis, qui serviraient plus tard à "engrener" les perdreaux.
engrener= attirer, terme utilisé pour la pêche dans le but de faire venir le poisson sur le lieu de pêche et de le maintenir sur place.
les zérissons= faute orale et écrite voulue par Pagnol, mais pas si rare que ça chez les Français qui ne font pas toujours la différence entre le "h" aspiré et le "h" muet", enseignée et respectée à l'époque de Pagnol par les enfants qui allaient régulièrement à l'école et étaient soumis régulièrement à des dictées dont la note était éliminatoire (5 fautes=0) au certificat d'études. C'était aussi la notation à l'école. Quand j'enseignais, elle est passée à 10 fautes=zéro. De nos jours, l'orthographe et les règles de la langue ne sont plus primordiales, même dans les médias.
Il faut dire que la rigueur exigée à l'époque de Pagnol s'expliquait par le fait que les patois (dialectes) étaient parlés en famille, en province, et que l' Education Nationale en interdisait aux enfants l'utilisation à l'école.
Chapitre 1
Il se tourna vers Lili.
"Les gens de la ville, ça les étonne toujours que nous mangions les zérissons. Et pourtant, eux, ils mangent bien des oursins!"
Après cette réplique triomphale, il parut méditer un instant, et ajouta tout à coup:
"Et même, à ce qu'il paraît, qu'il y a des saligauds qui mangent des grenouilles!"
Il ouvrit largement sa bouche, et referma lentement les mâchoires, comme pour faire éclater un batracien entre ses dents.
"Oh! s'écria Lili, avec une douloureuse grimace, ne parle pas de ça, tu me donnes mal au coeur!"
François se leva.
"Qu'est-ce que tu veux, dit-il sur un ton philosophique, on a bien raison de dire que tous les goûts sont dans la nature; et moi, mon goût, c'est l'hérisson. Allez, zou! Au travail!"
Il reprit sa faux. Lili le râteau; je fus chargé de glaner derrière eux, et de faire de petits bouquets d'une dizaine d'épis, qui serviraient plus tard à "engrener" les perdreaux.
engrener= attirer, terme utilisé pour la pêche dans le but de faire venir le poisson sur le lieu de pêche et de le maintenir sur place.
les zérissons= faute orale et écrite voulue par Pagnol, mais pas si rare que ça chez les Français qui ne font pas toujours la différence entre le "h" aspiré et le "h" muet", enseignée et respectée à l'époque de Pagnol par les enfants qui allaient régulièrement à l'école et étaient soumis régulièrement à des dictées dont la note était éliminatoire (5 fautes=0) au certificat d'études. C'était aussi la notation à l'école. Quand j'enseignais, elle est passée à 10 fautes=zéro. De nos jours, l'orthographe et les règles de la langue ne sont plus primordiales, même dans les médias.
Il faut dire que la rigueur exigée à l'époque de Pagnol s'expliquait par le fait que les patois (dialectes) étaient parlés en famille, en province, et que l' Education Nationale en interdisait aux enfants l'utilisation à l'école.
Dernière édition par Yves le Mer 23 Nov - 1:40, édité 1 fois