Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
Les deux auberges (fin)
A cette voix l'hôtesse frissonna de tout son corps, et se tournant vers moi:
"Entendez-vous, me dit-elle tout bas, c'est mon mari... N'est-ce pas qu'il chante bien?"
Je la regardai, stupéfait.
"Comment? votre mari!... Il va donc là-bas lui aussi?"
Alors elle, l'air navré, mais avec une grande douceur:
"Qu'est-ce que vous voulez, monsieur? Les hommes sont comme ça, ils n'aiment pas voir pleurer; et moi, je pleure toujours depuis la mort des petites... Puis, c'est si triste cette grande baraque où il n'y a jamais personne... Alors, quand il s'ennuie trop, mon pauvre José va boire en face, et comme il a une belle voix, l' Arlésienne le fait chanter. Chut!... le voilà qui recommence."
Et tremblante, les mains en avant avec de grosses larmes qui la faisaient encore plus laide, elle était là comme en extase devant la fenêtre à écouter son José chanter pour l' Arlésienne;
Le premier lui a dit:
"Bonjour, belle mignonne!"
Les deux auberges (fin)
A cette voix l'hôtesse frissonna de tout son corps, et se tournant vers moi:
"Entendez-vous, me dit-elle tout bas, c'est mon mari... N'est-ce pas qu'il chante bien?"
Je la regardai, stupéfait.
"Comment? votre mari!... Il va donc là-bas lui aussi?"
Alors elle, l'air navré, mais avec une grande douceur:
"Qu'est-ce que vous voulez, monsieur? Les hommes sont comme ça, ils n'aiment pas voir pleurer; et moi, je pleure toujours depuis la mort des petites... Puis, c'est si triste cette grande baraque où il n'y a jamais personne... Alors, quand il s'ennuie trop, mon pauvre José va boire en face, et comme il a une belle voix, l' Arlésienne le fait chanter. Chut!... le voilà qui recommence."
Et tremblante, les mains en avant avec de grosses larmes qui la faisaient encore plus laide, elle était là comme en extase devant la fenêtre à écouter son José chanter pour l' Arlésienne;
Le premier lui a dit:
"Bonjour, belle mignonne!"