Les Lettres de mon moulin d' Alphonse Daudet
L'élixir du révérend père Gaucher,
"D'ailleurs, pour prévenir tout accident, je vous dispense dorénavant de venir à l'église. Vous direz l'office du soir dans la distillerie... Et maintenant, allez en paix, mon révérend, et surtout... comptez bien vos gouttes."
Hélas, le pauvre révérend eut beau compter ses gouttes... le démon le tenait, et ne le lâcha plus.
C'est la distillerie qui entendit de singuliers offices! Le jour, encore, tout allait bien. Le père était assez calme: il préparait ses réchauds, ses alambics, triait soigneusement ses herbes, toutes herbes de Provence, fines, grises, dentelées, brûlées de parfums et de soleil... Mais, le soir, quand les simples étaient infusés et que l'élixir tiédissait dans de grandes bassines de cuivre rouge, le martyre du pauvre homme commençait:
"..Dix-sept...dix-huit...dix-neuf...vingt!..."
Les gouttes tombaient du chalumeau dans le gobelet de vermeil.
L'élixir du révérend père Gaucher,
"D'ailleurs, pour prévenir tout accident, je vous dispense dorénavant de venir à l'église. Vous direz l'office du soir dans la distillerie... Et maintenant, allez en paix, mon révérend, et surtout... comptez bien vos gouttes."
Hélas, le pauvre révérend eut beau compter ses gouttes... le démon le tenait, et ne le lâcha plus.
C'est la distillerie qui entendit de singuliers offices! Le jour, encore, tout allait bien. Le père était assez calme: il préparait ses réchauds, ses alambics, triait soigneusement ses herbes, toutes herbes de Provence, fines, grises, dentelées, brûlées de parfums et de soleil... Mais, le soir, quand les simples étaient infusés et que l'élixir tiédissait dans de grandes bassines de cuivre rouge, le martyre du pauvre homme commençait:
"..Dix-sept...dix-huit...dix-neuf...vingt!..."
Les gouttes tombaient du chalumeau dans le gobelet de vermeil.