La neige en deuil d' Henri Troyat
Chapitre 4
Isaïe prit la lampe à pétrole dans sa main. Dominant son frère de la tête, il se sentait fort et responsable. Un rond de lumière monta au plafond. Le fourneau recula dans l'ombre. L'un derrière l'autre, ils pénétrèrent dans la chambre. La clarté entra avec eux. Isaïe s'agenouilla entre les deux lits pour faire sa prière.
Allongé sur le dos,les paupières ouvertes, Isaïe entendait son frère, qui se tournait sur sa couche, soufflait et geignait sans répit. Dehors, c'était la neige, le silence, le froid. Et, à l'intérieur, la paix ne voulait pas descendre. Après tant de paroles échangées, Isaïe ne savait pas encore s'il devait être heureux d'avoir conservé la maison ou malheureux de ne pouvoir la vendre, selon le voeu de Marcellin. Balancé entre ces deux sentiments contraires, il dépérissait d'angoisse et demandait à la nuit de lui porter conseil. Ses yeux naviguaient dans le noir, ses oreilles s'emplissaient de noir, il respirait, il happait du noir à pleine bouche, à pleines narines.
-Tu dors, Zaïe? gémit Marcellin.
-J'essaye. Mais ça ne vient guère.
-Je voulais te demander une chose.
Chapitre 4
Isaïe prit la lampe à pétrole dans sa main. Dominant son frère de la tête, il se sentait fort et responsable. Un rond de lumière monta au plafond. Le fourneau recula dans l'ombre. L'un derrière l'autre, ils pénétrèrent dans la chambre. La clarté entra avec eux. Isaïe s'agenouilla entre les deux lits pour faire sa prière.
Allongé sur le dos,les paupières ouvertes, Isaïe entendait son frère, qui se tournait sur sa couche, soufflait et geignait sans répit. Dehors, c'était la neige, le silence, le froid. Et, à l'intérieur, la paix ne voulait pas descendre. Après tant de paroles échangées, Isaïe ne savait pas encore s'il devait être heureux d'avoir conservé la maison ou malheureux de ne pouvoir la vendre, selon le voeu de Marcellin. Balancé entre ces deux sentiments contraires, il dépérissait d'angoisse et demandait à la nuit de lui porter conseil. Ses yeux naviguaient dans le noir, ses oreilles s'emplissaient de noir, il respirait, il happait du noir à pleine bouche, à pleines narines.
-Tu dors, Zaïe? gémit Marcellin.
-J'essaye. Mais ça ne vient guère.
-Je voulais te demander une chose.
Dernière édition par Yves le Dim 7 Avr - 8:18, édité 1 fois